2014 / 2015


Kukaï du 4 juin 2015
« Le bricolage »


Animatrice : Hélène Massip

Participants : Jacques Beccaria, Patrick Chomier, Jocelyne Serre, Pascale Drivon, Danyel Borner, Annie Reymond, Patricia Hédel


Seul ou en compagnie, pour soi ou pour faire plaisir à quelqu’un, avec habileté ou maladresse : le bricolage. Matériaux, poids des outils, réflexions et imagination avant la réalisation. Pensez à quelques expériences, tentatives, réussites, puis écrire trois haïkus.




Tout durci
le pinceau queue de morue
sur la fenêtre

Danyel Borner, 3  points



Seul
Devant ma boîte à outils
Black et Decker

Patrick Chomier, 3 points



mon frère sur le toit
moi en bas
à mes pieds une tuile

Annie Reymond, 2,5 points



Ciment frais, bien lissé –
pour longtemps
les empreintes du chat

Hélène Massip, 2,5  points



Ploc ploc ploc ploc ploc
j’enroule le robinet
de chatterton – ploc

Patrick Chomier, 2,5 points



Je cherche le raccord
en poussant le lé –
La danseuse s’arrache

Patrick Chomier, 2 points



Vieille maison
nous fabriquons du ciment –
air chaud de l’été

Pascale Drivon, 1 point



penser dessiner
couper coller ajuster
peindre installer

Annie Reymond, 1 point



Coup sec
sur la tête noire du clou –
il acquiesce

Hélène Massip, 1 point



La corbeille à papier
tressée main
sent bon le linge

Patricia Hédel, 1 point









Kukaï de Lyon, jeudi 30 avril 2015

« Haïku érotique »



Animateur : Patrick Chomier

Participants : Jean Antonini, Patricia Hédel, Pascale Drivon, Annie Reymond, Danyel Borner, Robert Gillouin


Pour nous mettre dans l'ambiance, nous sommes revenus aux sources en lisant des senryus érotiques du 18ème et début 19ème siècle :

Un vit colossal / en l'absence du mari est / venu en visite
Funeste désastre / quand la vérole de l'amant / repasse au mari
De ses propres doigts / comme s'il était encore présent / la veuve en extase

puis des haïkus actuels notamment ceux d'André Cayrel :

printemps grisonnant / hommes et femmes s'en mêlent / pour le colorier
petite mort / elle pardonne / à l'assassin
seule dans son lit / la femme qui lit qui lit qui lit / rêve de papouilles




à tâtons
du téton à la cuisse
l'amant de Lison

Annie Reymond : 3 points



Elle pousse des cris
montant de plus en plus haut
- Balançoire

Jean Antonini : 3 points



Râles stridents des chats
Vibrations
jusqu'à l'épine dorsale

Patrick Chomier : 2 points



encore et encore
sans limite
tes petits doigts

Robert Gillouin : 1,5 point



J'aurai voulu te baiser
avec la force du vent
hurler encore

Robert Gillouin : 1,5 point (hommage à Gian Maria Testa)



Je trempe le doigt
dans le pot à confiture
et le lèche

Patricia Hédel : 1,5 point



Entre mes dents
deux framboises délicates
ton rire de louve

Danyel Borner, 1 point



Bouton déhiscent
s'ouvrant en splendeur corail
Une feuille de rose

Danyel Borner, 1 point



frissons à foison
sur les draps froissés
une plume

Annie Reymond, 1 point



Tu m'chatouilles
murmure-t-elle doucement
tu m'chatouilles

Jean Antonini, 1 point



tremblement de l'huître
sous le jus de citron
ses lèvres plus rouges

Patrick Chomier, 1 point

















Kukaï du 9 avril 2015



Animateur : Jean Antonini, remplaçant Danyel Borner

Participant.es : Patrick Chomier, Robert Gillouin, Annie Reymond, Jocelyne Serre, Hélène Massip, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Hélène Boivin, Patricia Hedel, Jacques Beccaria.


Proposition : Introduction sur le livre Remarques, de Nathalie Quintane, éditions Cheyne, 1997

Écriture de « remarques » et kukaï.




Qu’est-ce qu’une petite minute ?

Jacques, 6 points



Quand on met des choses au mur, le lendemain matin, on regarde tout de suite si elles sont au même endroit.

Catherine, 4 points



Râler au volant ne change pas le régime du moteur.

Hélène M, 3 points



Personne n’a jamais écrit de poèmes sur les moutons sous mon lit.

Patrick, 3 points



Même un chauve peut couper un cheveu en quatre.

Annie, 3 points



Se retrousser la pointe du nez avec l’index aide à réfléchir.

Hélène M, 2 points



Quand je visite un appartement, je regarde souvent par la fenêtre.

Jean, 2 points



Dans le train, c’est quand on s’assoupit qu’on se réveille.

Jacques, 2 points





Remarques, Nathalie Quintane, éd. Cheyne, 1997

Plus je monte ma vitre, plus le moteur couvre le bruit du vent.

Mon pantalon noir me brûle le dessus des cuisses : il fait très chaud dans la voiture.

Au passage à niveau, je m’arrête de penser pour regarder passer le train.

Quand je me prépare à passer sous un tunnel, je regarde dans ce tunnel.

Quand j’ai vu successivement l’aile droite d’une voiture, son côté droit, puis l’arrière, c’est qu’elle m’a doublée.

Un insecte est venu s’écraser contre le parebrise avec un petit plic.

Même si leurs coins n’étaient pas à angle droit, les murs ne s’écrouleraient pas.

Bien qu’on ouvre une porte en prenant sa poignée, on continue à découvrir des traces de doigts autour des poignées de porte.

Moins il y a de portes, moins il y a de pièces.

Dans une pièce comportant principalement un canapé, il devient incongru de s’asseoir sur une chaise.

Quelquefois, on cherche des yeux son appareil, quand un téléphone sonne à la télévision.

Le trou de la porte était là avant le mur.

Le tiroir, ôté du meuble, ne coulisse pas.

Tout ce qui est au mur est à regarder.

Le fait de passer par une fenêtre ne suffit pas à la transformer en porte.

Les maisons baptisées portent principalement des noms de femmes et d’arbustes vivaces.

Les personnes à qui l’on s’adresse à travers la porte d’entrée répondent.

Chaque fois qu’on s’approche d’une vitre pour voir s’y former de la buée, ce n’est pas toujours qu’on vérifie sa propre existence.

La peau de la tomate maintient la tomate dans sa peau.

Plus je balaie, plus la poussière devient visible.

Bien que ma chambre soit une pièce tout à fait obscure, je ferme les yeux pour dormir.

Je verrai mieux la direction que prennent les nuages, si je m’arrête de marcher.









Kukaï du 26 mars 2015

« Le chaud et le froid »



Animatrice : Hélène Massip

Participants : Jacques Beccaria, Patrick Chomier, Jocelyne Serre, Pascale Drivon, Robert Gillouin, Jean Antonini, Danyel Borner, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Mireille Bachet, Hélène Boivin, Annie Reymond,


En introduction, lecture à haute voix de deux listes de mots :

Amour / Joie / Soleil / Bourgeons / Terrasses / Violettes / Rencontres / Baisers / Sourires / Partage / Accord / Rouge / Orange / Jaune / Caresse / Frissons

Glace / Banquise / Neige / Frigo / Engelure / Indifférence / Rejet / Moue / Solitude / Gifle / Écharpe, Bonnet, Gants / Tonique / Nordique / Clinique / Refus / Bleu / Frissons

En ce début de printemps qui souffle le chaud et le froid, saurez-vous mettre les deux, le chaud et le froid, dans vos haïkus, qui en aucun cas, ne sauraient être tièdes ?




Frissons du matin
mes lèvres sur le bol de thé
brûlant

Catherine Guillot, 4  points



La cocotte siffle
je dessine un flocon
sur la fenêtre

Hélène Boivin, 4 points



Comme il fait chaud !
Si j’étais un glaçon
Je pourrais fondre

Jacques Beccaria, 3 points



Laissée seule au clou
hier soir – si froide ce matin
l’écharpe à mon cou

Catherine Guillot, 3  points



Jeune primevère
dans le vent glacé du soir -
Premier regret

Hélène Massip, 3 points



Rester sous la couette
avec les pieds qui dépassent -
vitres embuées

Danyel Borner, 3 points



bol brûlant
les joues gonflées de ma mère
quelques frissons encore

Robert Gillouin, 2 points



Écrin de lumière
obscurité sur la banquise
un igloo

Jocelyne Serre, 2 points



Son regard dans mes yeux
café brûlant
sur de la glace pilée

Hélène Massip, 2 points



pourquoi si difficile
le réveil ?
rêves en couleurs

Robert Gillouin, 2 points



le regard de braise
du gendarme en colère
me glace

Annie Reymond, 2 points









Kukaï de Lyon, jeudi 26 février 2015



Animateur : Patrick Chomier

Participants : Patricia Hédel, Annie Reymond, Jocelyne Serre, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Jacques Beccaria, Danyel Borner, Jean Antonini


Lorsque nous parlons de césure, nous considérons généralement le principe de juxtaposition (Toriawwase). Il existe deux autres types de césure : Ichibutsu Chitate (développement de la singularité d'un objet unique) et le pivot. Nous avons choisi des haïkus dans la bibliothèque portative suivant la force de ces trois types de césure en observant également leurs principaux écueils. Ainsi dans le cas de la césure Ichibutsu Chitate, nous avons souvent l'impression d'avoir simplement une phrase coupée en trois lignes, dans le cas de la césure Toriawase voir les principaux écueils dans le compte-rendu du 16 octobre 2014.

Nous avons ensuite privilégié la césure Ichibutsu Chitate pour le kukaï (Thème Février 2015).




au fond de l'eau
ils me font de l'oeil
les carreaux bleus

Annie Reymond : 4,5 points



Chemise en pilou
dans ses mains
comme une caresse

Patricia Hédel : 2,5 points



Partir la nuit
Rentrer la nuit
Demain le printemps

Christian Lherbier : 2 ,5 points



Dans la maison chaude
deux gâteaux sans bougies
ciel bleu ciel froid

Catherine Guillot : 1,5 point



La soupe
brûlante
glisse
dans l'œsophage

Patrick Chomier : 1 point



Je déchiquette la chair
autour du fémur
de la caille

Patrick Chomier : 1 point



Petit matin
sous un ciel de louve
réveil en douceur

Danyel Borner : 1 point



Les gens vont et viennent
Une pensée chasse l'autre
Le Cheval la Chèvre

Jacques Beccaria : 1 point










Kukaï du 05 février 2015



Animateur : Jean Antonini

Participant.es : Jacques Beccaria, Danyel Borner, Patrick Chomier, Pascale Drivon, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Annie Reymond, Jocelyne Serre, Aurélie Ravaud, Vincent Hoarau


Nous avons fêté le départ à la retraite d’Annie avec des chocolats au marc, au whisky, au cassis, au rhum...
Puis, il fallait dénicher dans la bibliothèque de Jean 2 haïkus d’hiver avec une belle césure, que nous avons lus et discutés.
Ensuite, nous avons fait un kukaï avec 2 haïkus de chacun.e, on pouvait mettre 2 points ou 1 point et 2 demi-points.




Premiers flocons
le regard indifférent
du chat noir

Robert Gillouin, 5 points



matin d’hiver
mon ombre plus engourdie
que moi

Patrick Chomier, 4 points



bourrasque de neige
ses deux mains sur le ventre
la future maman

Vincent Hoarau, 3,5 points



Flaques de givre
un groupe d’aveugles
traverse au rouge

Danyel Borner, 2 points



Pourquoi ?
Pourquoi ?
La neige tourbillonne

Jacques Beccaria, 1,5 point



Branche de pin nue
couverte d’un peu de neige
- Mon cœur bat lent’ment

Jean Antonini, 1,5 point



Un thé de Chine
Dans un conte très ancien
Cerf-volant rouge

Jacques Beccaria,  1,5 point



Matin d’hiver
Marcher sur l’eau
à contre-courant

Christian Lherbier, 1 point



Volettent des points de neige
derrière les vitres sales
mes pieds dans mes chaussons

Catherine Guillot, 1 point



neige en ville
vitres voilées de buée
l’artiste dessine

Jocelyne Serre, 1 point









Kukaï du 22 janvier 2015



Animatrice : Hélène Massip

Participants : Jacques Beccaria, Patrick Chomier, Jocelyne Serre, Aurélie Gravaud, Pascale Drivon, Kremena Kalinova, Rober Gillouin, Jean Antonini, Danyel Borner.


Séance sur les autres formes brèves à partir de Du domaine de Eugène Guillevic, première parution en 1977 chez Gallimard.

Lecture de textes de Guillevic, extraits de plusieurs recueils : Du domaine, Art poétique, Sphère, Euclidiennes.

En résonance avec ces textes, écriture de haïkus.




Face
contre terre
un if

Patrick Chomier, 6 points



Du sable entre mes doigts
combien de temps
pour qu’il s’écoule ?

Pascale Drivon, 4 points



Foule au crépuscule
Seule la ville a un nom

Jacques Beccaria, 3 points



Érection
le cercueil descend en terre
ferme

Patrick Chomier, 2 points


Triangles –
battements d’une absence
comme si c’était toi

Danyel Borner, 2 points



le soleil touche
la cime ventée des cyprès
œil rond du merle

Hélène Massip, 2 points



Soleil couché
Arbres debout dans la nuit
Ensemble

Jacques Beccaria, 2 points



jeu de couleurs
le tâtonnement du peintre
sur l’arc-en-ciel

Aurélie Ravaud, 1 point



ce silence en nous –
ah ! être sûrs
de cet unisson

Robert Gillouin, 1 point



Neige de janvier
soutenir la branche infatigable
d’un regard

Jean Antonini, 1 point



Un battement d’aile
Grand silence de la nuit
Le sommeil du cœur

Jacques Beccaria, 1 point



plumes d’anges –
qui gardera le mieux
l’Autre ?

Danyel Borner, 1 point



pigeon gris
place anguleuse, bétonnée
parka rouge

Hélène Massip, 1 point



vautour d’édredon
dans la chambre anonyme –
tourbillons

Danyel Borner, 1 point



absence de bruit
dans la chambre anonyme
faux Monet au mur

Hélène Massip, 1 point









Kukaï de Lyon : jeudi 18 décembre 2014



Animateur : Patrick Chomier

Participants : Kremena Kalinova, Hélène Massip, Christian Lherbier, Jocelyne Serre, Jean Antonini, Catherine Guillot, Vincent Hoarau, Aurélie Ravaud, Annie Reymond, Jacques Beccaria, Anne-Pascale Hinze, Robert Gillouin, Danyel Borner


Cette période particulière juste avant Noël sera le thème du kukaï de ce soir :
J’achète / tu achètes, ils achètent / PréNoélithique



Nordmann sous la pluie
dans son mince filet troué –
le prendre dans mes bras
 
Vincent Hoarau : 3 points



Porcelaine blanche
le tintement des tasses
invite au voyage

Aurélie Ravaud : 2.5 points



brumes d’hiver
il rend visite à sa maman –
le vieux monsieur

Robert Gillouin : 2.5 points



froissement de papier
sourires
autour de la table

Annie Reymond : 2.5 points



Haïku
De temps en temps
je suis vivant

Jean Antonini : 2.5 points



Cohue dans le métro
La douceur du « bonsoir »
de l’agent TCL

Patrick Chomier : 2.5 points



au cœur du cratère
lac caché en altitude –
calcédoine bleue

Hélène Massip : 2 points



Dans le vase bleu
Houx et branches de sapin
Me font la tête

Anne-Pascale Hinze : 2 points



Au milieu de la foule
flonflons, bulles et victuailles
Seul

Christian Lherbier : 2 points



Neige scintillante
Une cabane en forêt
Rêve de Noël

Jacques Beccaria : 1.5 point



Cuisine ou salon ?
Un sapin maigre, dit-elle
- un tuyau ?

Jean Antonini : 1.5 point



Chaleur du foyer –
peu à peu le sapin
prend des couleurs

Vincent Hoarau : 1.5 point



Vingt-deux convives
J’en suis tourneboulée
Noël en foule

Anne-Pascale Hinze : 1 point



Jours de paix
Avant la chute du père
Noël oublié

Kremena Kalinova : 1 point









Kukaï du 20 novembre 2014



Animateur : Jean Antonini
Participant.es : Jacques Beccaria, Danyel Borner, Patrick Chomier, Pascale Drivon, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Patricia Hedel, Christian Lherbier, Annie Reymond, Jocelyne Serre


Proposition : réaliser un kukaï avec 3 haïkus liés à la conscience du JE, qui affleure dans les anamnèses et les « Je sais » vus dans des séances précédentes.




à côté de moi
elle a croisé les jambes
côté couloir

Robert Gillouin, 5 points



le mendiant
assis en tailleur
cette fois je l’ignore

Pascale Drivon, 3,5 points



Vite monter les marches
bruits de ma respiration
Jardin sombre et vide

Catherine Guillot, 3 points



J’apporte les pommes
à celui qui m’a dit « pommier »
Un plat en faïence

Jean Antonini, 2,5 points



Est-ce qu’un jour
Je dirai vraiment tu ?
Les feuilles tombent

Jacques Beccaria, 2,5 points



premier février
premier jour
du reste de ma vie

Annie Reymond, 2 points



hier les alpages
ce soir métro Caluire
Sucer une clémentine

Robert Gillouin, 1,5 point



derrière la vitrine
une longue écharpe de soie
- ma couleur préférée

Annie Reymond, 1,5 point



réseaux sociaux –
mon smartphone me demande
si je connais mon fils

Robert Gillouin, 1,5 point



Le ciel bleu
Plein d’oiseaux et de nuages
Seul en bas

Jacques Beccaria, 1,5 point



C’est l’automne
Et je pense à l’hiver
Et au printemps

Jacques Beccaria, 1,5 point



Mohammed
Son nouveau bébé
partage joyeux

Pascale Drivon, 1 point



je ne sais où je vais
pas à pas sur les chemins
je verrai bien

Christian Lherbier, 1 point



Pas à pas sur les chemins
chaque saison, son fruit
que je cueille en passant

Christian Lherbier, 1 point



et alors ?
c’est vrai !!
– mon œil

Annie Reymond, 1 point



Un livre en main
je lis le mode d’emploi
je n’ai rien compris

Jocelyne Serre, 1 point



L'accident

éclairé comme au cinéma
Dans le trafic j'attends

Patrick Chomier, 0,5 point



Je regarde le ciel
il est doré –
vitesse en ville

Pascale Drivon, 0,5 point



Elle dit « La grotte Chauvet »
sur mes genoux du papier
sortir au soleil

Catherine Guillot, 0,5 point








Kukaï de Lyon, jeudi 6 novembre 2014



Animatrice : Hélène Massip

Participants : Pascale Drivon, Jean Antonini, Jacques Beccaria, Patrick Chomier, Danyel Borner, Christian Lherbier, Vincent Hoarau, Catherine Guillot, Annie Reymond, Robert Gillouin


Séance sur les autres formes brèves, à partir de Je sais, de Ito Naga, paru aux Éditions du Cheyne en 2006.

Nous avons commencé par lire des pages choisies dans différentes parties du recueil. Chacun a ensuite écrit une liste de « Je sais …».

Dans un deuxième temps, nous avons écrit des listes de « Je sais …» collectives. Chacun a écrit un « Je sais… » en haut d’une feuille. De voisin en voisin, nous avons abouti à onze listes de « Je sais… », chacune dans une tonalité différente, avec des échos, des trouvailles.

Première partie


Jacques
  1. Je sais que le vin rouge n’est pas rouge et que le vin blanc n’est pas blanc.
  2. Je sais que « quinze jours », c’est en fait quatorze jours.
  3. Je sais qu’une séance en matinée, c’est l’après-midi.


Catherine
  1. Je sais que la nuit, de l'autre côté des fenêtres, il y a moins de lumière que sous la lumière du plafond, ici.
  2. Je sais que dans la rue des gens emmitouflés marchent vite pour rentrer chez eux et que je ne les vois pas.
  3. Je sais que la voiture refroidit dans le parking.
  4. Je sais que dans d'autres voitures, des conducteurs aimeraient que sa place soit vide pour la prendre.
  5. Je sais qu'un cycliste passe  sur un passage  piéton quand le feu est vert. Est-il piéton, cycliste ou même automobiliste dans sa tête ?
  6. Je sais que dans sa tête, on n'est pas la même personne ce soir que demain matin et qu'on en sera encore une autre samedi.
  7. Je sais que constamment dans mon corps, des milliers des millions de cellules meurent et que d'autres naissent pour les remplacer.
  8. Je sais que les nouvelles cellules sont moins vigoureuses que les anciennes.
  9. Je sais que de nouvelles cellules continueront à naître jusqu'à ma fin.

Christian
  1. Je sais que prendre la voiture pour venir en ville est source de conflits. J'y vais.
  2. Je sais qu'au Kukaï dans un premier temps, j'ai l'esprit vide ou plein d'autres choses.
  3. Je sais qu'au Kukaï, au fil du temps, je me sentirai mieux.
  4. Je sais parfois ce qu'il ne faut pas dire, mais je sais le plaisir à le dire.
  5. Je sais le dimanche soir que demain la semaine reprend, que le travail reprend.
  6. Je sais que ce soir en rentrant, les chattes vont nous attendre, devant la porte.
  7. Je sais que demain matin, au lever, je n'aurai pas envie de me lever.
  8. Je sais que pas à pas, j'use mes chaussures.
  9. Je sais que si je savais, je ne ferais pas certaines choses et d'autres, si.
  10. Je sais que dire à un client qu'il est con, je n'aurai pas deux fois à lui dire, mais ça me ferait du bien.
  11. Je sais qu'il me reste trois ans avant ma retraite, mais j'aurai trois ans de plus.


Robert
  1. Je sais que l’on fait souvent la même erreur.
  2. Je sais que l’on ne le sait pas vraiment.
  3. Je sais que la vie ne nous apprend rien.
  4. Je sais, disait Gabin à la fin de sa vie.
  5. Je sais que les étoiles brillent.
  6. Je sais que même quand il y a des nuages, le soleil s’est levé comme d’habitude.
  7. Je sais que la lune ne regarde pas la terre même si elle en a l’air.
  8. Je sais que, malgré tout, chaque matin a quelque chose de radieux.
  9. Je sais qu’il est parfois difficile de se sentir concerné.
  10. Je sais qu’il est souvent difficile de se taire.
  11. Je sais qu’il est parfois impossible de parler.
  12. Je sais que dans cette rue, les gens vivaient en harmonie, avant.
  13. Je sais que, enfant, ma voisine était très belle.
  14. Je sais que je ne le lui ai jamais dit.
  15. Je sais que je n’ai pas osé.


Annie
  1. Je sais que la pluie est tombée pendant une journée entière. De grosses flaques se sont formées et il a fallu les contourner pour ne pas se mouiller les pieds.
  2. Je sais que mon parapluie est trop grand et qu'il gène les gens que je croise sur le trottoir.
  3. Je sais que les jours sans soleil sont tristes.
  4. Je sais que les voitures ne prennent aucune précaution vis à vis des piétons, parfois ils visent les flaques.
  5. Je sais que ma voisine ne prendra pas son vélo mais elle sortira son chien.
  6. Je sais que le garage sera inondé et qu'il faudra plusieurs semaines avant que les flaques ne disparaissent.
  7. Je sais qu'après la pluie vient le beau temps.


Hélène
  1. Je sais que la neige finit toujours par disparaître.
  2. Je sais que la pluie mouille.
  3. Je sais qu’il faut manger cinq fois des fruits et des légumes. Je mange des frites.
  4. Je sais qu’elle envoie les miettes par terre quand elle essuie la table.
  5. Je sais qu’il passe le balai et qu’elle préfère l’aspirateur.
  6. Je sais qu’il chante sous la douche, mais seulement le dimanche.
  7. Je sais que ses mâchoires se crispent quand il rencontre quelqu’un pour la première fois.


Danyel
  1. Je sais que si j'ai soif en me levant, il vaut mieux d'abord aller faire pipi, c'est plus agréable, et plus logique, de remplir un récipient vide.
  2. Je sais qu'entre l'odeur du café qui passe et l'odeur du pain grillé, c'est le pain qui parfume le plus longtemps la cuisine.
  3. Je sais que les grappes d'oiseaux à peine diurnes sur le quai de gare ont encore faim en partant travailler
  4. Je sais que les manifs passant sous le pont de chemin de fer ont un écho plus retentissant.
  5. Je sais que l'habitué du pied-humide qui secoue sans cesse la tête devant son vin blanc matinal a perdu son caniche.
  6. Je sais que tant qu'il ne fait pas trop mauvais, je vais trouver un étudiant par tilleul sur la place en rentrant tard les jeudis de binge drinking.

Deuxième partie

Quelques listes collectives 

Liste 1
  1. Je sais qu'avec le "Que sais-je ?", j'ai appris. CL
  2. Je sais qu'avec tout ce que savent les autres, je crois ne plus rien savoir. CG
  3. Je sais que je sais moins de choses que lorsque j'étais étudiant. Mais je sais que je  suis plus doué dans l'art de faire croire que je sais. VH
  4. Je sais que j'ai du mal à retenir par cœur des poésies, et pourtant j'aimerais bien. AR
  5. Je sais que sur la couverture du "Que sais-je ?" il y avait une boussole. RG
  6. Je sais que je suis à cours d'inspiration. PD
  7. Je sais que certains savent de moins en moins de choses en vieillissant, d'autres tout à fait l'inverse. JA
  8. Je sais qu'avec l'âge, les années semblent de plus en plus courtes. « C'est une question de proportion» me disait une collègue de mathématiques. JB
  9. Je sais que Gabin disait «  Je sais qu'on ne sait jamais ». PC
  10. Je sais qu'après mes réponses, les mômes de mes amis ne se rappelaient plus leurs questions. DB
  11. Je sais que cette matière est inépuisable. HM

Liste 2
  1. Je sais que des requins et des chiens ont peu de chances de se rencontrer dans une piscine municipale. CG
  2. Je sais que les enfants qui sautent à la piscine municipale ne se méfient  pas des requins éventuels. VH
  3. Je sais qu'au fond de l'eau les choses paraissent plus grosses. AR
  4. Je sais que - normalement - je n'irai jamais au fond de l'Océan. RG
  5. Je sais que le 14 novembre est l'anniversaire d'une amie. PD
  6. Je sais qu'on ne peut pas souffler les bougies de son gâteau d'anniversaire  sous l'eau. JA
  7. Je sais qu'en anglais, on dit souvent you know. JB
  8. Je sais qu'en éternuant on fera plus facilement bouger les poils d'un chien que ceux d'un requin. PC
  9. Je sais que si les gros chiens me sautent souvent à la figure pour me lécher, je ne laisserai pas faire la même chose avec ce requin. DB
  10. Je sais que la pluie mouille. HM
  11. Je sais que l'eau mouille les requins et le chien et l'amie avant que le requin ne les bouffe. CL

Liste 3
  1. Je sais qu’il est impossible de ne pas penser. (RG)
  2. Je sais qu’il est bien agréable de ne plus penser. (PD)
  3. Je sais regarder mes pensées passer jusqu’à ce que je ne les voie plus. (JA)
  4. Je sais qu’il y a Les Mots de Sartre, Les Choses de Perec et Les Mots et les choses de Foucaud, et que ces livres ont été publiés en 1964, 1965 et 1966. (JB)
  5. Je sais que la méditation et le Pranayama sont des pratiques intéressantes pour ne plus s’identifier à son mental. (PC)
  6. Je sais que, lisant “La vie mode d’emploi” de Perec, il m’a semblé faire un tour de grand huit dans mon imaginaire. Sans haut-le-cœur. (DB)
  7. Je sais que si je pense à Perec, je vois la photo d’un homme souriant, tout frisé, avec un chat. (HM)
  8. Je sais qu’il est plus difficile de réfléchir que de penser. (CL)
  9. Je sais qu’il y a des livres qui ne me donnent rien à penser. (CG ?)
  10. Je sais que de plus en plus souvent, il m’arrive de ne plus rien penser. (VH)            

Liste 4 
  1. Je sais ce que j'ai comme idée mais je n'arrive pas à formuler ma phrase. AR  
  2. Je sais qu'il est souvent difficile de préciser ses idées. RG
  3. Je sais qu'il a été aussi question de haïku. PD
  4. Je sais qu'il ne faut pas penser quand on écrit, mais écrire sans penser. JA
  5. Je sais que c'est Montaigne qui a dit : "Que sais-je ?" JB
  6. Je sais que Lydie Salvayre vient d'obtenir le Goncourt pour "Pas Pleurer" PC
  7. Je sais que j'ai raté "La Compagnie Des Spectres" avec Zabou DB
  8. Je sais que l'heure tourne et qu'il faut s'y résoudre HM
  9. Je sais que lorsque je pense que ce que j'écris est bon, c'est pas bon. CL
  10. Je sais que je pense savoir que je vais bientôt ne plus savoir que penser. CG


Liste 5
  1. Je sais que Socrate, Platon, Aristote, ça fait SPA. (JB)
  2. Je sais que Souchon, Platini, Almodóvar, ça fait SPA aussi. (PC)
  3. Je sais qu’on prend les eaux à SPA. (DB)
  4. Je sais que l’humidité de la cave a fait des taches brunes sur les pages de Socrate, Platon, Aristote. Souchon s’en tire sans souci sur CD. Almodóvar aussi. Platini ? Noyé ! (HM)
  5. Je sais qu’à la SPA il n’y a plus ni Socrate, Platon, Aristote, Souchon, Platini, Almodóvar. Tout au moins je ne les y ai pas vus. (CL)
  6. Je sais que dans les caves de la SPA, on apprend aux chats sauvages à devenir sociables et philosophes avant de les donner à des enfants. (CG)
  7. Je sais que je sais plus de choses sur Platini que sur Aristote. Je sais que cette pensée ne m’est pas agréable. (VH)
  8. Je sais qu’Almodóvar était à l’honneur du festival Lumière de cette année. L’an prochain qui mettront-ils ? Socrate, Platon, Aristote ? ? ? (AR)
  9. Je sais que mon chat s’appelle MARLEY. (RG… dit Bob)
  10. Je sais que mon voisin aime les montres orange. (PD)
  11. Je sais que les autres savent beaucoup plus de choses que moi. (JA) 








Kukaï de Lyon, jeudi 16 octobre 2014



Animateur : Patrick Chomier

Participants : Jocelyne Serre, Annie Reymond, Patricia Hédel, Robert Gillouin, Jacques Beccaria, Pascale Drivon, Jean Antonini, Danyel Borner


1ère partie : La césure
A partir de la comparaison entre la césure et l’écartement des électrodes d’une batterie (Article de Klaus-Dieter Wirth publié dans le dernier Gong n°45) nous avons échangé sur le thème de la césure. Il apparaît que les 2 écueils les plus fréquents sont :
- Pour une césure en fin de 1ère ligne quand cette 1ère ligne semble être un titre, suivent ensuite les lignes 2 et 3 mais l’effet de juxtaposition est pauvre ; effet carte postale.
- Pour une césure en fin de 2ème ligne quand on a l’impression que l’on pourrait mettre 2 points à la fin de cette 2ème ligne : et la 3ème ligne nous donne la solution, l’explication. Là encore la juxtaposition reste faible.
Cela fourni des haïkus sans étincelles, aussitôt lus aussitôt oubliés, mais qui occupent une place non négligeable dans le paysage haïku.


2ème partie : Kukaï, thème : Autour de la page blanche




page blanche
le silence
de ma mère

Annie Reymond, 4,5 points



Pages blanches
à ses pieds éparpillées –
chant du shamisen

Danyel Borner, 2,5 points


     
Craquantes sous le pas
les premières feuilles d’automne –      
écrire au soleil

Danyel Borner, 2,5 points



lac bleu
un cygne
trace son envol

Robert Gillouin, 1,5 point



Lune d’automne
Jamais l’herbe ne fut si verte
Sous les pins

Jean Antonini, 1,5 point



Un mot
Sur la page blanche –
Mémoires

Jacques Beccaria, 1,5 point



Régal d’Octobre
Festival de cinéma
– La magie toujours

Pascale Drivon, 1 point

Il a été suggéré que « Régal d’Octobre » puisse devenir un kigo dans le Saïjiki français tant il y a de raisons de se régaler en ce beau mois d’Octobre. A suivre…



Vide sur la page
Puis les signes viennent
Chant cadencé

Pascale Drivon, 1 point



Faire le vide
échappées belles
encore et encore

Patricia Hédel, 1 point



Après le blanc
le bleu emblématique
Séjour au Japon

Jocelyne Serre, 0,5 point



Une feuille blanche
Et de l’imagination –
Le drapeau français

Jacques Beccaria, 0,5 point









Kukaï de rentrée du 2 octobre 2014

« Anamnèses »



Animateur : Jean Antonini

Roland Barthes par Roland Barthes, Seuil 1975
J'appelle anamnèse l'action que mène le sujet pour retrouver, sans l'agrandir ni le faire vibrer, une ténuité du souvenir... Ces  quelques anamnèses sont plus ou moins mates (insignifiantes : exemptées de sens). Mieux on parvient à les
rendre mates, et mieux elles échappent à l'imaginaire.

Lecture par Jean Antonini :

Au goûter, du lait froid, sucré. Il y avait au fond du vieux bol blanc un défaut de faïence ; on ne savait si la cuiller, en tournant, touchait ce défaut ou une plaque du sucre mal fondu ou mal lavé.

Retour en tramway, le dimanche soir, de chez les grands-parents. On dînait dans la chambre, au coin du feu, de bouillon et de pain grillé.

Une chauve-souris entra dans la chambre. Craignant qu'elle ne s'accrochât dans les cheveux, sa mère le prit sur son dos, ils s'ensevelirent sous un drap de lit et pourchassèrent la chauve-souris avec des pincettes.

Son parrain, Joseph Nogaret, lui offrait de temps en temps un sac de noix et une pièce de cinq francs.

Mme Lafont, maîtresse des divisions enfantines au lycée de Bayonne, portait tailleur, chemisier et renard ; en récompense d'une bonne réponse, elle donnait un bonbon en forme et au goût de framboise.

......


Chaque participant écrit une anamnèse :

Il marche le long de l'estuaire entre les vignes et la mer. le vent ne masque pas le clapotis des vagues.

Christian Lherbier


Après un séjour au bord de l'Océan, ils retrouvent leur jardin. Les tomates ont les grosses cicatrices du mildiou. Les feuilles grises vrillent autour des tiges tirebouchonnées. L'herbe aux alentours est haute et verte.

Catherine Guillot


A Albi, cet été, je me suis arrêté devant la statue de La Pérouse, le navigateur. Il y a là les ancres qu'on a retrouvées après le naufrage de ses deux navires. Louis XVI, avant de monter à l'échafaud, aurait dit : "A-t-on des nouvelles de monsieur de La Pérouse ?"

Jacques Beccaria


Eté comme hiver dans son épicerie le père Paviet comptait un à un les caramels à 1 centime et se fâchait quand on arrivait à la queue leu leu avec nos pièces de 1 franc.

Annie Reymond


Dans ma rue fin juillet, nous buvons au Comptoir de Sardaigne de la bière au citron et de la terrasse regardons les gens passer les jours de beau temps.

Pascale Drivon



Puis "Kukaï d'anamnèses" :

En mai 1968, j'étais en troisième et nous étudiions la Révolution française. Notre professeur d'histoire, monsieur Longère, au fort des grèves, nous disait : "Nous vivons un moment historique."

Jacques Beccaria, 7 points


Au moment du dessert, elle s'apercevait souvent que le sucre en poudre manquait. Je descendais l'escalier quatre à quatre, serviette autour du cou, pour acheter un kilo de sucre chez l'épicier.

Jean Antonini, 5 points


La bouilloire siffle,il verse l'eau sur le thé, après 5 minutes, il le verse dans le bol, le porte à ses lèvres, se brûle.

Christian Lherbier, 4 points


Parc
Dans un parc désert, la balançoire couine en cadence. Alternant les poussées, deux enfants s'élèvent en riant. La mère pianote compulsivement son telefonino en relevant parfois la tête sans s'émouvoir.

Danyel Borner, 3 points


La salle de classe est silencieuse. Les élèves attendent que le gros prof d'Espagnol ait ce geste qui ouvre sa veste. Aujourd'hui encore la doublure est déchirée.

Catherine Guillot, 2 points


8h00 Assis sur sa terrasse, il regarde les hauts sapins en face. D'un geste, il salue André qui part au boulot. Il se léve pour un café. Le soir, il entend le pas d'André qui revient. Ils se saluent.

Robert Gillouin, 1 point