CR saison 2019 / 2020



Kukaï de Lyon, atelier numérique de mai 2020


Thème : "Entre roses et chocolat"

Animateur : Danyel Borner
Participants : Jean Antonini, Béatrice Aupetit-Vavin, Marcelle Botto, Ferhana Cabraja, Anto Cabraja, Irène Chaléard, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Jean-Pierre Jacquot, Christian Lherbier, Catherine Pigeon, Annie Reymond

Dans l’ordre de notre suite d’une traversée du désert tactile, il était plus logique de parler de Pâques suivi du mois des roses. Mais Entre roses et chocolat sonne mieux à l'oreille. Malgré la fermeture du Parc de la Tête d’Or, ses milliers de roses durent être bien entretenues. Pour celles et ceux qui se sont réveillés avec une palette de peintre parfumée sous leurs fenêtres, vous avez eu le choix de l'inspiration, tandis que d’autres ont cultivé leur jardin numérique. Une chose est sûre, il y eut de petits moments, essentiels et bien à soi, pour une traversée du dessert. Le chocolat étant une de ses plus simples et proches contrées.
Entre ces deux rendez-vous du printemps, le regard haïku, noté ou mémorisé fut notre vibration de l’instant, teintée d’impatience, prudence, douleur, colère, stupéfaction et quête de sérénité. Une césure douce dans la césure imposée.

Chambre de Grand-mère
les roses du papier peint
de plus en plus fanées
Béatrice Aupetit-Vavin (4 voix)

Ah ! Redécouvrir
dans un petit carré noir
le sel de la vie
Robert Gillouin (4 voix)

Balade au jardin
sentir une à une les roses
les mains dans le dos
Christian Lherbier (3 voix)

fin d’après-midi
beurre frais et chocolat noir –
j’ai toujours sept ans
Robert Gillouin (3 voix)

Au bord du nid
la pie étire son aile
temps suspendu
Marcelle Botto (2 voix)

Agenda vide
mardi comme dimanche
Et passent les fleurs
Marcelle Botto (2 voix)

Le parc est ouvert
Aurais-je le temps
pour le parfum des roses ?
Catherine Pigeon (2 voix)

Elles m'ont piqué
les épines de mes roses
Mes roses à moi ??
Catherine Guillot (2 voix)

manger trois roses
respirer un carré de chocolat –
le confinement
Jean Antonini (2 voix)

parfum des roses
derrière les grilles du parc
herbes folles en fleurs
Annie Reymond (2 voix)

Églantines en fleurs
un buisson de silences
et d’odeurs
Robert Gillouin (2 voix)

première rose
un haïku surgit s’enfuit
reste la rose
Béatrice Aupetit-Vavin (2 voix)

Avec 1 voix :
au bout de la nuit / couché dans l’ambulance / virée d'un soir
Ferhana Cabraja

Rose et chocolat / En mets, fais ce qu’il te plaît / des senteurs exquises
Jean-Pierre Jacquot

Pluie lancinante / du temps pour ce vieux roman / à l'eau de rose
Irène Chaléard

Pâques en solitaire / tous les œufs en chocolat / un peu trop amer
Irène Chaléard

Le parc est fermé / Sommes chocolat / pour les roses de mai
Catherine Guillot

Ni Pâques ni Parc / Chocolats et roses / mêlent leurs odeurs perdues
Catherine Guillot

Première rose / la vie joyeuse des jardins / dans mes MMS
Danyel Borner

printemps pollinique – / toutes les croyances / mises sous cloche
Danyel Borner

Et aussi :
Virus fleurissant / les lits pleins de malades / Amies aux fenêtres
Anto Cabraja

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Kukaï de Lyon, atelier numérique de mars 2020



Thème : "Ce que l’hiver laisse, ce que le printemps offre"



Animateur : Danyel Borner

Participants : Jean Antonini, Béatrice Aupetit-Vavin, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Jean-Pierre Jacquot, Christian Lherbier, Catherine Pigeon, Annie Reymond



Initialement prévu en mode « Haiku cut-up » du groupe habituellement submergé par les confettis de mots, notre atelier de ce printemps 2020 garde son intitulé de thème initial, plutôt devenu Ce de quoi le printemps nous fige et nous laissera... et donne à voir notre profond ressenti du confinement obligatoire dû à la pandémie. Échanges numériques au plus près des conditions d’atelier, y compris dans les commentaires (n’apparaissant jamais en CR final) de chacun sur ces choix.

Des élans de la nature, des regards derrière la vitre, du silence et de la confusion, des mots sensibles, merci à toutes et tous, l’écriture nous permet une respiration plus ample. À réitérer pour ne pas perdre ce lien fort.





Fenêtres ouvertes
fenêtres fermées
le même silence
Danyel Borner (5 voix)

mars 2020
les bourgeons s’ouvrent
les hommes s’enferment
Béatrice Aupetit-Vavin (4 voix)

Ho ! printemps
choisir le plus long chemin
pour faire un kilomètre
Annie Reymond (4 voix)

café du matin
presque le même qu'hier
presque le même
Annie Reymond (4 voix)

Rues désertes
dans l’air doux du printemps
mes pas résonnent
Catherine Pigeon (3 voix)

Sieste longue en chaise longue
tout mon temps tout mon temps
pour des mots
Catherine Guillot (2 voix)

Giboulées de mars
entre neige et plein soleil
l'humeur oscille
Irène Chaléard (2 voix)


Avec une voix :

dans le vide des branches / des étoiles blanches minuscules / – prunier en mars
Jean Antonini

balade matinale / mon rendez-vous quotidien / avec le héron
Robert Gillouin

je me laisse porter / par les vents qui me soufflent / « surtout ne pense pas trop »
Robert Gillouin

Prunus roses ... fleuris / Une bise légère de printemps / Il neige des pétales
Jean-Pierre Jacquot

Personne dehors / Aucune voiture dans les rues / Seul, le silence
Christian Lherbier

Soirée italienne / sur un balcon chantant / des fumeurs toussent
Catherine Guillot

Deux bourdons bourdonnent / lavande, romarin, ou thym ? / Vais m’ faire une tisane
Catherine Guillot

l’hiver accompli / le printemps se confine / entre quatre murs
Béatrice Aupetit-Vavin

Jour de printemps / les mouettes ne peuvent plus voler / les miettes des pigeons
Danyel Borner

Et aussi :

Derrière la vitre / la lumière, les couleurs / Printemps confisqué
Marcelle Botto




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Kukaï de Lyon, jeudi 13 février 2020


Ah ! la césure / la césure ah ! / ah ! la césure


Animateur : Patrick Chomier
Participants : Marcelle Botto, Véronique Marchal, Marie-Hélène Tufel, Irène Chaléard, Annie Reymond, Jean-Pierre Jacquot, Catherine Guillot, Marie-Claire Vaschalde, Catherine Pigeon, Jacques Beccaria, Christian Lherbier, Robert Gillouin, Muriel Canale, Danyel Borner
1ère partie :
Discussion animée sur la césure (les césures) à partir de haïkus recherchés dans la bibliothèque portative.

2ème partie :
Kukaï : Écriture de deux haïkus, un visuel et un non visuel avec si possible deux césures de nature différente. Pour les sept haïkus ayant obtenus deux voix et plus, on observe un bon équilibre visuel (4) non visuel (3). Par contre la césure Toriawase (juxtaposition) l'emporte largement.


Salle des pas perdus
quelques notes de piano
et des courants d'air

Robert Gillouin (6 voix)


Printemps en hiver
entre la pluie et le foin
sa nuque

Danyel Borner (3 voix)


Odeur du pain grillé
tiens !
La petite est rentrée

Irène Chaléard (2 voix)


Un doigt sur la joue
Pour signifier une larme
Avec un sourire

Jacques Beccaria (2 voix)


vieille lettre d'amour
ne ressemble plus à rien
au fond du tiroir

Annie Reymond (2 voix)


Rides autour des yeux
Embonpoint à la taille
Dix ans qu'on ne s'était vue

Catherine Pigeon (2 voix)

Avec 1 voix :

Hirondelles du soir / Tandis que pour moi / Demain est sans but
Marie-Hélène Tufel

Il ne traverse plus / la pelouse à ma rencontre / mon chat tigré
Marcelle Botto

Japon, Arts premiers / Corona et tête de veau / Jacques Chirac n'est plus
Jean-Pierre Jacquot

Le métro bondé / Une femme, livre sur les genoux / Quelle destination ?
Véronique Marchal

13/02/2020 / Surtout ne pas oublier / le 14 demain
Christian Lherbier

arrêt Grange-Blanche / la conversation descend / d'un coup le silence
Annie Reymond

soleil sur la vitre / dans le canapé j'observe / les salissures grises
Irène Chaléard

Mi-février / Déjà l'explosion / des jaunes corolles
Muriel Canale

mon cœur / s'emballe cent balles / sur le bon coin
Patrick Chomier


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Kukaï de Lyon, 30 janvier 2020




Thème du jour : "Rengay au jardin"


Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Marcelle Botto, Fehrana Cabrayat, Anto Cabrayat, Patrick Chomier, Emmanuelle Colombaud, Catherine Guillot, Jean-Pierre Jacquot, Christian Lherbier, Véronique Marchal, Annie Reymond


Petit rappel historique : Le RENGA (ou RENKU), suite parfois longue de tercets et distiques enchaînés est à l’origine du tanka et du haïku.
Le RENGAY est une forme courte du renku créée par Garry Gay, californien né en 1951, photographe et poète. Il a été le premier président (1989-1990) et co-fondateur du Haiku Poets of Northern California et président de The Haiku Society of America. Il propose et démocratise une forme concise du renku (16 vers alternés) dès 1992.
Le rengay développe un seul thème et le sujet change à chaque strophe, permettant d'enrichir le poème.
Ren ("lié, enchaîné")
Gay, nom de l'inventeur

Constitution avec voisins de table de groupes de trois et binômes. Des grilles préformatées sont distribuées avec champ pour 6 versets selon deux formules (3 ou 2 participants).
Proposition d'une déambulation virtuelle dans ses souvenirs ou imagination (assis, les yeux fermés) dans un jardin, en France ou partout ailleurs.
Vous fermez les yeux, vous êtes détendus...
« ...Enfants, nous sommes à la hauteur des éléments du jardin, les sens ouverts pour toutes les sensations, parfois les premiers pas, le microcosme, la vie qui pousse... »
Quand vous le sentez, vous ouvrez les yeux et vous commencer à noter des impressions, des images, des sons, des odeurs...

Utilisation d'un kigo (mot de saison implicite ou explicite) dans le premier haïku, mention d'un ou plusieurs animaux, d'une couleur et/ou odeur. 5-7-5 ou court/long/court pour les haïkus, 7-7 pour les strophes en distique, césure mais unité des textes, pas de mots répétés.
Haïkus et strophes de 2 lignes pour chacun et ensuite avec vos partenaires vous imbriquerez vos productions respectives. Structure de base (trois participants) :

A (5-7-5)
B (7-7)
C (5-7-5)
A (5-7-5)
C (7-7)
B (5-7-5)

A Annie Reymond
B Jacques Beccaria
C Christian Lherbier

sauter à pieds joints
sur le tuyau d’arrosage
cris des hirondelles

dans les arbres le vent du soir
un nuage et la lumière

fissure sur la route
une fleur de pissenlit
rêve de jardin

perdue l’abeille
voilà qu’elle butine
les fleurs de poireau

au fond de la cour pavée
rivière longtemps interdite

sous les cerisiers
les paniers pleins de cerises
soleil rouge aussi

A Ferhana Cabrayat
B Anto Cabrayat
C Véronique Marchal

Orage d’été
Mes pieds nus dans l’herbe
suffoquent de joie

L’odeur de la terre mouillée
Embrasse le parfum d’une rose

Un portail ouvert
L’orvet sur la pierre moussue
Au loin l’angélus

Mon chapeau s’envole
Le vent soulève mes cheveux
Poissons pétillants

La moiteur, l’été respire
pour un mariage d’amour fou

Fleur de concombre
Au fond du jardin perdu
assis et heureux

A Catherine Guillot
B Emmanuelle Colombaud
C Jean-Pierre Jacquot

Baignoire de fer blanc
De l’eau chauffée au soleil
Petit bateau dedans

Loin du regard parental
Parfum de la terre mouillée

Fleurs tout le long
sauvages et odorantes
Mon chemin intime

Pâques – Panier au bras
une petite fille à bouclettes
herbes à cachettes

Bruits d’ailes et piaillements vifs
Une envolée de pinsons

Hamac – léger bercement
Feuilles au dessus
Herbes en dessous

Structure de base (deux participants) :

A (5-7-5)
B (7-7)
A (5-7-5)
B (5-7-5)
A (7-7)
B (5-7-5)

A Marcelle Botto
B Patrick Chomier A + B à géométrie variable

Les herbes folles
me chatouillent les guibolles
L’odeur des jacinthes

Les petits pois chapardés
Tendres, sucrés mangés crus

La bêche de mon père
tranche le lombric rosé
Deux bouts se tortillent

Vrahoom vrahoom
les branches que je tronçonne
comme elles sont hautes

Lâcher deux ou trois pets dans
le jardin biodynamique

Totale liberté
Dans le petit jardin
De la maison d’arrêt

A Danyel Borner
B Béatrice Aupetit-Vavin

Chat ou lézard ?
Le velouté des pierres chaudes
sous la petite main

À ma fenêtre les mésanges
se rapprochent de plus en plus

Crouiik Crouiik Crouiik
Arracher par jeu la peau
du portail vert

Jardin d’enfance
la balançoire
immobile

Si lent si long le lombric
affolant les fourmilières

Sur la pelouse blanche
un village de taupinières
Tronçonneuse du voisin


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Kukaï de Lyon, jeudi 09 janvier2020

« Je est un autre »

Animation : Jean Antonini
Participant.es : Véronique Marchal, Jacques Beccaria, Marcelle Botto, Annie Reymond, Jean-Pierre Jacquot, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Irène Chaléard, Emmanuelle Colombaud, Patrick Chomier, Ferhana Cabrayat, Anton Cabrayat, Danyel Borner, Muriel Canale, Catherine Pigeon, Robert Gillouin.
Béatrice Aupetit, absente, a participé à la séance par correspondance.


« Je est un autre »
dans les précédentes séances animées en 2018 et 2019, je vous avais proposé d’essayer de saisir la façon dont peut surgir dans votre esprit un haïku, avec l’idée que, si la forme du haïku est d’origine japonaise, elle peut aussi devenir française, dans un autre contexte. Et il s’agissait de saisir ce qui alerte notre esprit dans sa relation avec le monde et qui déclenche la création d’une forme de langage : un poème. Ainsi, le haïku pouvait rapprocher les esprits d’une nationalité ou d’une autre. D’une certaine façon, ce surgissement du haïku est sans doute ce qui marque l’origine de toute poésie : un point de rencontre entre le monde, le langage et moi-même.
Je ne choisis pas par hasard le titre « Je est un autre », une citation d’une lettre de Rimbaud, mais pour nous placer, poètes de haïku, dans le cadre d’une poésie qui se passe de frontières.
kazoe-kinu yashiki no ume yanagi
compter en marchant
de villa en villa
pruniers et saules
Bashô se surprend ici à faire un geste machinal, inconscient en général, qu’il nous est arrivé de faire également. C‘est le hokku 744 de l’Intégrale des haïkus du poète, publiée aux éditions de La table ronde. Et ce poème fait la preuve que Je est aussi un autre, au Japon, au 17e siècle. C’est l’usage du langage qui nous permet, aux unes et aux autres, de nous sentir étranger.e à nous-même. Car nous somme à la fois du monde qui compte pruniers et saules et du langage qui le rapporte. Et l’étrangeté est liée à cette coupure entre monde et langage qui nous traverse.
Je vous propose donc pour notre prochaine rencontre, jeudi 9 janvier, 19H, au CEDRATS, d’apporter avec vous deux ou trois haïkus qui témoignent que « Je est un autre ». Vous pouvez écrire en quelques lignes ce qui a amené un de ces haïkus à votre esprit et comment il a trouvé sa forme écrite.

1 Lecture de poèmes de Bashô et échanges autour du thème « Je est un autre ».
322 taka hitotsu mitsukete ureshi iragosaki
Quelle joie !
J’entrevois un faucon
au Cap Irago

630 kyô nite mo kyô natsukashi ya hototogisu
Même à Kyôto
nostalgique de Kyôto ―
le coucou
467 kôbai ya minu ko tsukuru tama-sudare
Fleurs rouges de prunier ―
J’éprouve de l’amour pour cette noble inconnue
derrière le store
234 yamaji kite maniyara sumire-gusa
Sur le chemin montagneux
une violette me fascine
sans raison
391 ama no kao mazu mira ruru ya keshi no hana
Inconsciemment j’ai regardé
le visage d’un pêcheur ―
Fleurs de coquelicot
744 kazoe-kinu yashiki yashiki no ume yanagi
Compter en marchant
de villa en villa
pruniers et saules
119 gu anzuru ni meido mo kaku ya aki no kure
Quel idiot de penser
que l’autre monde serait
tel un soir d’automne !
769 tsuki hana no gu ni hari taten kan no iri
Lune et fleurs
ma stupidité transpercée d’une aiguille d’acupuncteur ―
Début des grands froids


2. Lecture des poèmes de chacun.e et échanges

une rose au jardin
pour la cinquième saison
printemps avant l’heure
J’étais vraiment étonnée de trouver à cette période de l'année une très jolie rose  épanouie dans mon jardin à la campagne.

un bracelet
de perles japonaises-
plates
Bientôt Noël. Dans une vitrine à Lyon un bracelet me fait de l’œil. J’entre pour l’essayer. La vendeuse me dit : « Ce sont des perles japonaises ». Je m’étonne de voir des perles plates …
Béatrice Aupetit


les nuits électriques
d’une toile un bison surgit
le piéton frisonne
Véronique Marchal


rouge aux joues
la fillette se hâte
buée du souvenir
Je mets en scène le souvenir de la fillette que j’ai été, une autre pour moi aujourd’hui
Marcelle Botto


En rêve, j’entends « Pampelune ». Il me revient à l’esprit d’avoir vu des pamplemousses qui me font penser à la lune. Vais-je comparer la lune à un pamplemousse ou le pamplemousse à la lune ? Le rêve me dit « Pampelune ».
Pamplemousse
Devenu en rêve
Pampelune
Jacques Beccaria


« Je est un autre » Rimbaud  - en lisant le sujet je me suis dit Jacques va être aux anges et moi je suis dans la mouise, bonne année Jean !!! Y'a des chances pour que je fasse un hors sujet mais tant pis, je me lance.
J’habite dans le quartier du Tonkin. Je vais très souvent jusqu'aux Gratte-ciel à pieds, en vélo, en métro. Le quartier des États-Unis est un peu plus loin mais avec un peu de temps c'est faisable avec ces mêmes moyens de transport.
Depuis cet été j'ai les 2 premières lignes d'un haïku lyonnais. Avec ce haïku je voudrais faire le tour de Lyon en faisant croire que c'est le tour de la terre. Tonkin, Gratte-ciel, États-Unis (si on pousse, on peut ajouter Belcourt en pensant à Camus). J'en ai parlé à une oreille bienveillante qui m'a permis de trouver une troisième ligne mais ce n'était pas encore ça, pour faire ce faux long voyage 17 syllabes ça ne suffit pas, j'ai donc décidé de le faire en tanka, 5-7-5-7-7, 31 syllabes, ça laisse de l'espace.
Au musée des Beaux-Arts je me suis isolée sous le mur de Dufy "la Seine de Paris à la mer".
J'y étais presque. Un dernier détour en bord de Saône et avec l'aide d'une amie avisée je suis arrivée au bout de ma balade. Ce soir tant qu'à être hors sujet, voici donc ce tanka :
depuis le Tonkin
en vélo jusqu'aux Gratte-ciel
l'hiver s'allonge
les nuits claires de pleine lune
oser les États-Unis
Annie Reymond


Le froid pique mes joues
nez rouge, écharpe nouée
J’accélère le pas !
Comme l’a très bien souligné Danyel, après mon explication. Dans le contexte, ce sont davantage les autres qui sont « moi » ! 
Jean-Pierre Jacquot


sorti sans sa canne
les trois portes se sont fermées
loin derrière lui
Elle a vu cet événement et lu ce texte il y a longtemps et il lui reste en mémoire sans savoir pourquoi.
Catherine Guillot


marche nordique
l’orage menaçant j’attends
seul dans la voiture
Je me trouve dans une situation inattendue et en dehors de ce que j’avais prévu : rester dans la voiture au lieu de marcher nordiquement.
Christian Lherbier


bientôt Noël
mes yeux brillants levés
vers les trains en partance
éboulis de pierres
chaque pas vide un peu plus
ma tête soucieuse
Une situation où mon esprit aspire à aller ailleurs et une autre où mon esprit se vide de mes soucis.
Irène Chaléard


Que voudrais-tu faire
plus tard ?
sorcière, répond Chloé
Je pose cette question à ma petite-fille de 3 ans. La réponse, de la bouche d'une jolie blondinette m'amuse et ne me surprend qu'à moitié car elle est aussi chipie. Elle semble dire qu'elle n'est pas celle qu'on attend d'elle et veut être elle-même, donc sorcière !
Emmanuelle Colombaud


sous le parapluie
je remonte ma capuche
les enfants rigolent
Certes le parapluie suffit à m'abriter ; cependant, il abrite mal ma capuche et surtout la fourrure de ma capuche. Marchant ainsi – capuche sous parapluie – je croise un groupe de jeunes qui effectivement rigolent mais de ce qu'ils regardent sur le smartphone de l'un d’eux, ils ne me calculent même pas.
Cette césure peut laisser penser qu'il s'agit de la situation qui provoque la rigolade et questionne donc sur la façon dont nous interprétons les événements c'est à dire souvent par rapport à nous.

Mon psy
Joue au bonneteau
Je est un autre
« 50 euros svp, on se revoie la semaine prochaine ».
Patrick Chomier


amour fatal
les pétales couvrent
la nudité terrestre
la flamme d’une bougie
mes pensées éclairent
la voie lactée
Ferhana Cabrayat


dans la nuit d’avril
le cœur du promeneur
réveille l’espoir de son ombre
J’établis une dissociation entre le promeneur et son ombre, qui sont pourtant liés.
Anton Cabrayat


par delà les montagnes
m’envoler
vers d’autres horizons
Je voudrais pouvoir m’envoler et devenir une autre en partant ailleurs.
Muriel Canale


savourer les envolées du conférencier
un œil en coin
sur mes mails
des virages
les uns après les autres
penser à toi
Je me tiens à deux activités à la fois et je suis l’une et l’autre.
Catherine Pigeon


veste à capuche
les mains dans les poches
j’avance en fredonnant
dis-moi Robert
on peut pas s’empêcher
de penser
Je fredonne sans m’en apercevoir, c’est un autre qui fredonne en moi. Et le mot d’un de mes enfants, qui m’appelle par mon prénom.
Robert Gillouin


Mains sur les genoux
dans la vitre du métro
je crois voir mon père
De nombreuses années après, je fais parfois cette constatation d’attitudes corporelles, plus que tout autre trait, d’une génération à l’autre. Sans fratrie ni descendance, ces détails me sont singuliers. Jamais écrits, juste ressentis. Le décès du père âgé d’une amie m’a vu traversé instantanément par ces quelques mots que je lui ai envoyés en toute amitié. Ainsi, ce haïku où Je est un autre et l’autre est moi se constitue-t-il après une longue maturation et partagé en présent fugace mais encré et ancré.
Danyel Borner


faisant des grimaces
j’essaye d’être un autre
devant le miroir
lire un livre
comme si j’avais passé le temps
à regarder ma vie
il y a un type
qui conduit cette voiture
il porte mon nom
En usant de l’écriture, on peut se regarder soi-même, comme si celui qui écrit était un autre que celui qui occupe le texte. On peut aussi essayer d’être un autre en changeant son visage, sachant que c’est impossible, sinon à devenir un monstre.
Jean Antonini


A la fin de la séance, Danyel nous fait passer la photo d’une personne, trouvée sur le net, qui porte le même nom que lui.


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Kukaï de Lyon, jeudi 12 décembre 2019


«  Se sentir vivant »




Animateur : Patrick Chomier
Participants : Muriel Canale, Marie-Hélène Tufel, Christian Lherbier, Dominique Lherbier, Jacques Beccaria, Emmanuelle Colombaud, Robert Gillouin, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner


1ère partie : Echange sur les haïkus remarqués ce 1er trimestre et la contribution des nouveaux.

2ème partie : Kukaï
Nous restons centrés sur ces derniers jours pour débusquer le moment où nous nous sommes sentis vivants. Annie ne pouvait venir et parmi ses 3 haïkus récents envoyés, j'en ai choisi 1 qui correspondait au thème pour l'intégrer dans le kukaï.


le 6ème fête Noël
sapins lumineux plantés
sur les bouches d'égout

Annie Reymond (4 voix)


Pleine lune
Nous nous sommes regardés
Longuement

Jacques Beccaria (3 voix)


L'année va finir,
l'année va finir...
déjà, la fin de l'année

Bashô (2 voix) proposé par Jacques


hypnotisée
devant l'aquarium
je noie mon chagrin

Patrick Chomier (2 voix) volontairement au féminin


Avec 1 voix :

souvenir d'Egypte / une main de momie / presque vivante
Béatrice Aupetit-Vavin

Un couple de vieux / voûté presque jusqu'au sol / Qui soutient l'autre ?
Emmanuelle Colombaud

entrée par la fenêtre / une belle brume / réveil en douceur
Robert Gillouin

Bonsoir me dit-elle / coup de vent qui s'engouffre / longue soirée d'hiver
Dominique Lherbier

Odeur de café / doucement la nuit s'estompe / encore une journée
Christian Lherbier

Sortir sur le trottoir / croisée de cyclistes emmitouflés / – je resserre mon manteau
Marie-Hélène Tufel

feuilles jaunes / sur le bitume / plaquées comme des mains
Marie-Hélène Tufel

Dans la salle d'attente / corriger l'épreuve de Gong – / le toubib sourit
Danyel Borner

Saint Daniel / Dans un vitrail de tilleuls / le ciel rose

Danyel Borner



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Kukaï de Lyon, mardi 19 novembre 2019


« Fruits de l’automne »


Animateur : Jacques Beccaria
Participants : Véronique Marchal, Muriel Canale, Jacques Strobel, Danyel Borner, Patricia Lechenne-Hédel, Jean-Pierre Jacquot, Emmanuelle Colombaud, Marcelle Botto, Catherine Pigeon, Catherine Guillot, Annie Reymond, Irène Chaléard, Marie-Hélène Tufel, Christian Lherbier


Thème proposé : « Fruits de l’automne », au propre et au figuré.
Lectures et échanges à partir des textes apportés : productions personnelles ou non, haïku, poème court et / ou petite prose (anecdote, souvenir, impression, etc.).


Marcelle Botto :

Le temps des châtaignes

Nous ramassions des châtaignes dans les bois, dans l'odeur des feuilles mortes et l'humidité des chemins. Le soir venu, autour de la table de la cuisine, maman et nous, les quatre enfants, étions de corvée de « pluche » ; première peau, deuxième peau : pour cette dernière étape, il fallait ébouillanter les châtaignes, nous nous brûlions les doigts. Ensuite, c'était le mystère de la préparation. Nous devions attendre le lendemain pour voir surgir, au dessert, un fabuleux mont Blanc, base brune et sommet couvert de neige, non de crème fraîche fouettée. Mon Dieu, l'eau m'en vient encore à la bouche !
Je nous revois autour de la table le dévorant des yeux, puis, une fois servis, dans un silence total, engloutir une première bouchée avant de savourer cuillère après cuillère un peu de blanc, un peu de brun, le tout se mêlant si onctueusement dans la bouche. Ce souvenir me nourrit encore…
 

Patricia Lechenne-Hédel :

Depuis un mois déjà c’est l’automne. Je me sens réfléchie, un peu méditative, à l'image de cette belle saison. Peut-être parce que je suis au monde et mon corps respire, pense, réalise. A l'image de ces arbres que je photographie, le corps est à l'écoute du vivant. Les arbres les plantes sont le vivant, qui a besoin d'air, d'eau de lumière. Ce sont aussi les témoins de notre passage ici. Sans eux, notre regard meurt. L'arbre réclame notre regard, demande notre présence. Peut-être est-ce pour cela que je me sens complète devant eux.

De l’orange, du jaune, des ronds, des tiges, c'est encore l'automne lorsqu'ils apparaissent sur les photographies.

C’est un festival de couleurs, de légumes, de fruits. Goûteux, ils se mangent en soupe, en gratins, ils se croquent comme les pommes, les poires. La cuisine d'automne est aussi un festival de saveurs. Bientôt l’endormissement, le blanc immaculé de l’hiver.


Annie Reymond :

Sur un thème « fruits de l'automne », étant devenue citadine cela me transporte immédiatement au fond de la grande cour de mon enfance où nous avions notre « p'tit jardin » avec des arbres fruitiers, cerisier, pommier, poirier... (le grand jardin avec d'autres arbres, légumes, fleurs, vigne... se trouvait de l'autre côté de la route...)

au fond de la cour
les branches du cognassier
soleil couchant


Béatrice Aupetit-Vavin (envoi) :

verger de grand-père
si juteuses les poires
de l’arbre à la bouche


Irène Chaléard :

Matin gris
nuage sur les raisins blancs
et mon café noir


Jacques Strobel :

pomme rouge
je tends la main
promesse d'un délice


Christian Lherbier :

Matin d'automne
rouge, jaune, gris, dans l'herbe
un oiseau mort


Catherine Guillot :

Mûres en novembre
nos rondes pommes orange
Les pies les piquent


Danyel Borner :

Bleu clair sur bleu nuit
le tramway dans un souffle
Chauds les marrons, chauds !


Muriel Canale :

châtaignes maison
Grignotées en classe
fruits défendus


Catherine Pigeon :

Nos pas lents
Sur les feuilles qui craquent
Rêve de thé


Emmanuelle Colombaud :

Rentrée des classes
mieux vaut  être vieille
et libre  


Jean-Pierre Jacquot :

Jardin froid, humide !
Touches orangées sur fond gris
Kakis en automne


Jacques Beccaria :

Un haïku de Bashō dans deux traductions.

l’automne s’en va
pleines de promesses
les mandarines vertes

(Bashō, maître de haïku, Hervé Collet et Cheng Wing fun, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 2011, p. 126.)

L’automne s’en va –
encore plein d’espoir
une mandarine verte


(Bashō, Seigneur ermite, Makoto Kemmoku et Dominique Chipot, La Table Ronde, 2012, p. 300, n° 760.)



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Kukaï de Lyon, jeudi 24 octobre 2019


Variations sur « rencontres, confluence, affluents, influence... »



Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Muriel Canale, Irène Chaléard, Patrick Chomier, Anto, Ferhana, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Jean-Pierre Jacquot, Christian Lherbier, Véronique Marchal, Hélène Massip, Catherine Pigeon, Annie Reymond, Marie-Claire Vaschalde

La Saône abreuve, nourrit, grossit, grandit le Rhône qui ne cesse de faire de fortes et belles rencontres tout au long de ses 812 kilomètres, des glaciers de Suisse jusqu’aux canaux se jetant dans la mer Méditerranée. Nous en fûmes quelques-uns témoins ventés et ensoleillés lors de la « Journée du haïku » au fil d’une promenade Ginko jusqu’à la pointe houleuse de la Confluence le 13 octobre dernier.

Qu’est-ce qui nous nourrit, nous fait grandir, nous bouscule, nous transforme, parfois nous fait bouillonner ou stagner et surtout nous fait avancer dans toutes les rencontres de notre vie ? Question large, mode concis du haïku pour tenter d’apporter quelques éléments personnels, faits d’observation et de ressenti.

Lecture d’exemples trouvés dans une quinzaines d’ouvrages et revues apportées par l’animateur puis kukaï traditionnel avec choix de deux haïkus chacun.


Sur le brancard
vieille dame allongée
regard échangé

Marie-Claire Vaschalde (3 voix)


dans un champ de blé
une étoile filante
premier amour

Béatrice Aupetit-Vavin (3 voix)


L’ami disparu
De l’autre côté du pont
Brouillard d’autrefois

Jacques Beccaria (3 voix)


Pas dans la même allée
Tombes de mon père – de ma mère
Marche au soleil

Catherine Guillot (3 voix)


la pluie la brume
des câlins toute la journée
la pluie la brume

Patrick Chomier (3 voix)


Confluence
Ta main, sa main – quelque chose
Tombe à l’eau

Hélène Massip (2 voix)


Sur un banc mouillé
lire la dédicace
livre oublié

Véronique Marchal (2 voix)


La main au volant
un homme dit « Je t’aime »
au portable noir

Véronique Marchal (2 voix)


entre deux stations
petite clope vite roulée
Fumer tue

Annie Reymond (2 voix)


Les mains de Mamy
sur le ventre de Maman
Première rencontre

Danyel Borner (2 voix)


Avec 1 voix :

Passage piéton / le Californien stoppe / yeux dans les yeux
Irène Chaléard

Un poème d’été / Dans mon cahier de CM2 / Rentrée de septembre
Jacques Beccaria

Orages d’octobre / Rhône et Saône / Nouveaux rivages
Muriel Canale

Partir / dans le silence / ombre et lumières
Robert Gillouin

pages jaunies / écrites à l’encre verte / quelques recettes
Robert Gillouin

tous autour de la table / réunion de famille / lui, à son portable
Christian Lherbier

Raide sur le canapé qui crisse / Elle l’attend / Trois petits coups à la porte
Catherine Pigeon

Odeur du gâteau dans le four / Tino Rossi à la radio / Sa mère qui chante par-dessus
Catherine Pigeon

Corbeau et deux pies / rencontre surprise – / sur ma terrasse
Marie-Claire Vaschalde


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Kukaï de Lyon, Jeudi 3 octobre 2019


« L'été dernier »


Animateur : Patrick Chomier
Participants : Emmanuelle Colombaud, Christian Lherbier, Iréne Chaléard, Jacques Beccaria, Béatrice Aupetit-Vavin, Robert Gillouin, Jean-Pierre Jacquot, Catherine Guillot, Annie Reymond, Marcelle Botto, Marie-Claire Vaschalde, Patricia Lechenne-Hédel, Danyel Borner


Thème choisi pour notre premier kukaï de la saison : l'été dernier. Nous avions apporté des haïkus et notes écrits durant cette période. Ce soir la contrainte est d'écrire à partir de cette matière première deux haïkus sans utiliser les mots suivants : canicule, chaleur, soleil, été


blancs et légers
j'irais bien nager
dans les nuages

Béatrice Aupetit-Vavin (5 voix)


silence
une araignée d'eau
patine

Robert Gillouin (4 voix)


Seulement
faire la planche
Voir venir

Marcelle Botto (3 voix)


Bord de plage
Vagues frangées d'écume
Envie d'une bière

Marcelle Botto (3 voix)


Rêve d'eau vive
A l'ombre
D'une fontaine

Jacques Beccaria (2 voix)


A l'ombre du figuier
rien, pour ne pas s'endormir
pas même une mouche

Christian Lherbier (2 voix)


Causses sauvages
le Tarn glisse au fond des gorges
envie d'Amérique

Irène Chaléard (2 voix)

Avec 1 voix :

Où files-tu / l'étoile / dans le ciel noir ?
Emmanuelle Colombaud

Midi / Trois promeneurs / Sans ombre
Jacques Beccaria

l'épicerie de nuit / ferme à minuit / le bruit des chaînes
Annie Reymond

Cours brûlante – Là-bas / deux verres d'eau froide / à l'ombre du figuier
Catherine Guillot

deux papillons jaunes / dansent une calligraphie / sur fond bleu
Béatrice Aupetit-Vavin

masse de nuages / un éclair à l'horizon / premier café noir
Robert Gillouin

obstinément / la mouche remonte la vitre / bien verticalement
Patrick Chomier


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