2017 / 2018


Kukaï de Lyon, 14 juin 2018

Ginko « Musiques et silences du parc »


Animateur : Danyel Borner
Participants : Christian Lherbier, Catherine Guillot, Irène Chaléard, Martine Mari, Sandrine ,,, Nicole Barlet, Marcelle Botto, Béatrice Aupetit-Vavin, Jean Antonini, Marie-Claire Vaschalde, Annie Reymond


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Kukaï de Lyon, 17 mai 2018

Haïshas


Animateur Robert Gillouin
Participants : Christian Lherbier, Catherine Guillot, Patrick Chomier, Nicole Barlet, Pascale Drivon, Claire Videau, Patricia Roullé, Irène Chaléard, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Marie-Claire Vaschalde, Martine Mari, Jacques Beccaria, Annie Reymond, Marcelle Botto



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Kukaï de Lyon, 3 mai 2018

Juniku bar de printemps


Animateur : Patrick Chomier
Participants : Nicole Barlet, Marie-Claire Vaschalde, Danyel Borner, Martine Mari, Jacques Beccaria, Annie Reymond, Patricia Roullé, Marie-Hélène Tufel, Robert Gillouin, Béatrice Aupetit-Vavin, Pascale Drivon 


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Kukaï de Lyon, lundi 16 avril 2018

« Passage »


Animateur : Jacques Beccaria
Participants : Patrick Chomier, Christian Lherbier, Irène Chaléard, Marie-Hélène Tufel, Martine Mari, Annie Reymond, Patricia Strauss, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Aurélie Ravaud, Marcelle Botto, Catherine Guillot, Robert Gillouin, Marie-Claire Vaschalde, Nicole Barlet, Pascale Drivon


Il était proposé d’apporter un texte court (poème, prose ou production personnelle) sur le thème « Passage » : quitter son logement, sa ville, son pays, changer d’emploi, de vie, « passer à autre chose », partir.

Chacun, s’il le souhaite, présente son texte et le lit. La lecture peut être suivie d’un commentaire et d’un bref échange.

On a eu des lectures sensibles, intenses, teintées parfois d’un humour pudique. On a pu écouter aussi des textes de Blaise Cendrars, Vladimir Nabokov, Philippe Labro ou Johann Wolfgang von Goethe.

La séance se poursuit par un kukaï : on donne deux haïkus et après une lecture de l’ensemble des textes, on en retient deux (un point par haïku).


mort de mon père
de sa poche à ma poche
son marron d’Inde

Béatrice Aupetit-Vavin (6 points)


Seizième printemps
entre punk et gothique
le passage clouté

Aurélie Ravaud (5 points)


Comme les Beatles
Fixés pour l’éternité
Sur un passage piéton

Jacques Beccaria (3 points)


Pont Bonaparte
Je pense à l’avenir
Et au passé

Jacques Beccaria (2 points)

Passage couvert -
changer de niveau de vie
en montant la côte

Irène Chaléard (2 points)


Jour écourté
de sombres nuages passent
à l’heure d’été

Irène Chaléard (2 points)


elle s’exerce
à signer autrement
Demain le grand jour

Béatrice Aupetit-Vavin (2 points)


Quitter le Nord
pour un presque Sud
Perdre ses amis

Catherine Guillot (2 points)

Avec 1 point :

Autour de la table / Seul à lever la tête / Passe-moi le sel !
Christian Lherbier

Dans le laurier les larves / dévorent les racines / devenir hanneton
Christian Lherbier

Dernier hiver / en dextérité sa main / gagne l’élève
Aurélie Ravaud

Chat de gouttière / Autrefois chat de concours / Libre sur les toits
Martine Mari

des envies d’ailleurs / encore / des envies d’ailleurs
Annie Reymond

masque bleu azur / le rideau des paupières tombe / sur le chirurgien
Patricia Strauss

perdu / dans la douceur / d’une forêt de songes / avancer
Robert Gillouin

Neige aux sommets / Sur le balcon au soleil / L’orchidée blanche
Nicole Barlet

les voyageurs passent / dans la salle des pas perdus / où sont leurs bagages ?
Pascale Drivon



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Kukaï de Lyon, Jeudi 22 mars 2018

Haïkutons autour d’un vert !

Promenade de printemps en homophonie

Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Nicole Barlet, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Patrick Chomier, Robert Gillouin, Martine Mari, Aurélie Ravaud, Annie Reymond, Patricia Roullé, Marie-Claire Vaschalde,


L’homophonie est la base de tout jeu de mot basique ou complexe, explicite ou implicite jusqu’à la contrepèterie qui s’en joue en décalant les sons. La langue française est riche en homophones parfaits. Ainsi, les mots VERS, VER, VERRE, VERT et VAIR. Ce dernier continue même de diviser les analystes quant à l’antériorité ou la vraisemblance selon les nombreuses versions (francophones ou non) du conte Cendrillon circulant de par le Monde.

Lecture des différentes acceptions sur un document listant définitions puisées dans le Grand Littré.

En (très court) résumé :

VERS : assemblage de mots mesurés et cadencés selon certaines règles fixes et déterminées.
VERS (2) : préposition servant à exprimer une certaine direction, une situation...
VER : lombric terrestre et tout animal présentant analogie.
VERRE : corps solide, amorphe, transparent, dur et fragile obtenu en fondant du sable siliceux avec de la potasse de soude.
VERT : de la couleur de l’herbe et des feuilles des arbres.
VAIR : fourrure de l’écureuil petit gris. Terme héraldique.

Recherche dans un stock de la revue Gong de haïkus mentionnant une de ces versions et/ou rédaction fantaisiste d’une définition.

Enfin, procédure d’un kukaï classique avec deux haïkus proposés.


Sur la voie verte
le parfum doux et sucré
de l’aubépine

Marcelle Botto : 4 points


Un petit jaune
frais dans le verre –
l’abeille sirote

Aurélie Ravaud : 4 points


Face
au vers luisant
le vert tige

Patrick Chomier : 3 points


verre dépoli
un filtre interposé
monde de rêve

Nicole Barlet : 3 points


Semis rouge vif
Dans la prairie vert tendre
des coquelicots

Martine Mari : 2 points


Rongé par les vers
L’homme célèbre aussi
Ainsi va la vie

Martine Mari : 2 points

Avec 1 point :

par la fenêtre / tout vert / mon univers
Robert Gillouin

« Trinquons !! » dit-elle / les verres s’entrechoquent / sourires de printemps
Annie Reymond

une petite langue verte / sous une brune carapace / bourgeon d’hortensia
atrice Aupetit-Vavin

Printemps au Caro / le kukaï se met au vert / jusqu’au plafond
Irène Chaléard

pantoufle de vair / qui l’emmènera au bal ? / Cendrillon en jean
Nicole Barlet

Maudit pique-assiettes ! / En blouson de vair / une bande d’écureuils
Danyel Borner


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Kukaï de Lyon, jeudi 1er mars 2018

"écoute / non écoute & patience / impatience "


Animateur : Patrick Chomier
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Annie Reymond, Jacques Beccaria, Marie-Claire Vaschalde, Irène Chaléard, Patricia Roulé, Martine Mari, Nicole Barlet, Catherine Guillot,  Christian Lherbier, Robert Gillouin, Danyel Borner


Après un temps d'écoute et de partage de deux extraits de récents kukaïs, nous choisissons comme thème : écoute / non écoute et patience / impatience

dans le buisson
un bruissement d'ailes
mon chat ouvre l'oeil

Béatrice Aupetit-Vavin : 5 points


Repas de fête
les fourmis s'invitent
dans mes jambes

Béatrice Aupetit-Vavin : 4 points


Doucement doucement
Il sera bientôt là l'été
Mais après ?

Jacques Beccaria : 4 points


neige de mars
l'enfant met ses bottes rouges
– une flaque déjà

Annie Reymond : 3 points


Neige sur les cèdres
Le temps suspendu au ciel –
Où sont donc mes gants ?

Irène Chaléard : 2 points


Réveillée tôt
Silence des draps blancs
Ecouter la neige

Catherine Guillot : 2 points


Avec 1 point :

Longtemps désirés / gâteaux dans la vitrine / vite engloutis   Martine Mari

démarche lente / paroles ensevelies / gestes amplifiés   Nicole Barlet

lentement / écouter son rêve / pluie de printemps   Robert Gillouin

octobre au soleil / écouter / le silence des couleurs   Robert Gillouin

Première neige / attendre la fin du cycle / devant la machine   Danyel Borner

Métro, il chante / "ça suffit" hurle-t-elle / la main sur son sonotone   Patrick Chomier




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Kukaï de Lyon, lundi 15 février 2018

« l'Ivresse »

Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Marcelle Botto,  Irène Chaléard,  Patrick Chomier, Robert Gillouin, Catherine Guillot,  Christian Lherbier,  Annie Reymond, Marie-Hélène Tufel, Marie-Claire Vaschalde, Claire Videau


En ce beau lieu inspirant près des réserves en flacons, un thème : l'Ivresse.

Lecture d'un document vidéo montrant Serge Reggiani disant Enivrez-vous de Charles Baudelaire (in Les petits poèmes en prose et Spleen de Paris).

Séance "Cut-up" avec rappel du principe selon les découpages aléatoires de Brion Gysin et William S. Burroughs, poètes de la Beat Generation.
Lettrines et mots découpés dans des magazines selon aspect visuel et non idée de sens pré-établi.
L'assemblage avant collage, puisé dans un petit stock de chacun, s'opère sans réfléchir, les mots courant tout seuls sur la feuille A4 distribuée. Ainsi, que l'on rejoigne vraiment le thème donné ou non, il plane sur chaque feuille et haïku obtenu un parfum de surréel que les poètes des années 20 avaient expérimenté bien avant la logorrhée hallucinogène des 50's et 60's.

Une belle séance, indeed !  















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Kukaï de Lyon, lundi 29 janvier 2018
  

Animateur : Patrick Chomier
Participants : Nicole Barlet, Marcelle Botto, Marie-Claire Vaschade, Danyel Borner, Martine Mari, Irène Chaléard, Catherine Guillot, Annie Reymond, Patricia Roullé, Marie-Hélène Tufel, Christian Lherbier, Robert Gillouin, Béatrice Aupetit-Vavin

Dans une 1ère partie, nous répondons aux questions des nouvelles personnes venues au kukaï. On remarque que beaucoup de haïkus sont visuels (en effet, la vue occupe 80 % des sens chez l'homme), décrivent des paysages. J'en profite pour proposer un kukaï où sur les 2 haïkus que nous avons à écrire, l'un ne sera pas visuel :


Les cloches de Saint Jean
pour une toque blanche
– Les étoiles s'envolent

Béatrice Aupetit-Vavin (6 points)


Temps arrêté
Sur la cité médiévale
L'horloge en panne

Irène Chaléard (5 points)


mon horoscope
m'encourage à sourire
qu'est-ce qui lui prend

Annie Reymond (4 points)


au milieu du bois
temps d'arrêt
le chant d'un oiseau

Patricia Roullé (2 points)


Avec 1 point :

regards égarés / silencieux, immobiles / rêvant du passé   Nicole Barlet

passion du haïku / paroles entrecroisées / pensées mélangées   Nicole Barlet

Mousses mordorées / Reflets du soleil couchant / l'araignée tisse   Martine Mari

Ça va, ça court ça ? / Poc gratte gratte dans le mur / Silence   Catherine Guillot

Tu es allongée / Dans le sombre funérarium / Caresse sur ta joue   Marie-Hélène Tuffel

lumière d'hiver / lentement sur le marais / un ibis s'envole   Robert Gillouin

Lune rousse – / au cœur de la nef / la Sainte exulte   Danyel Borner

bruit des pas / sur nos têtes silencieuses / jusqu'à huit heures dix   Annie Reymond

Miel sur le saumon / une pizza "sucré-salé" / humeur de janvier   Irène Chaléard

Caprice d'enfant / Une glace en plein hiver / dans le caniveau   Béatrice Aupetit-Vavin




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 KUKAÏ DE LYON
Séance du 11 janvier 2018

Animation : Jean Antonini
Participant.es : Vincent Hoarau, Franck Rollier, Patrick Chomier, Jacques Beccaria, Martine Mari, Nicole Barlet, Pascale Drivon, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Annie Reymond, Claire Videau, Irène Chaléard, Marcelle Botto, Patricia Roullé, Aurélie Ravaud

Quel détail dans la réalité : geste, image, sensations, ... retient mon attention au point de me donner envie d’écrire un haïku ?
Je vous propose d’apporter, jeudi 11 janvier, 19H, quelques haïkus écrits les jours précédents. Pour chaque haïku, écrivez un texte en prose qui explique ce qui a déclenché l’écriture du haïku.
Nous aurons ainsi des ensembles haïku+prose qui formeront des haïbuns.

1.  La séance, introduction.
La forme poétique que nous pratiquons : le haïku, est une forme poétique japonaise. Et nous sommes français, de culture française. Nous ne connaissons cette forme « haïku » que très récemment, elle est pratiquée en France depuis 110 ans. Et pourtant, nous sommes attachés à cette forme poétique. Depuis 110 ans, des publications de haïku en français se font, de manière croissante, d’ailleurs. Qu’est-ce qui constitue cet attachement pour le haïku ? Comment comprendre cet attachement à une forme poétique d’une culture si éloignée de nous ?
Pour nous approprier complètement cette forme, nous ne pouvons pas faire l’économie de nous confronter à la culture japonaise. Mais ce n’est pas l’imitation de la poésie japonaise ni le rejet de la poésie japonaise qui peut nous mener à la source de notre écriture.
C’est en ce sens que je vous ai proposé d’écrire à la suite d’un haïku qui vous est venu les circonstances, les pensées, les détails qui vous ont amené à écrire ce haïku. Avec ces textes, nous commencerons une tentative pour mieux comprendre ce qui suscite l’écriture du haïku en nous.

2. Les textes apportés et lus
pots renversés sur les tombes
comme si les morts s’amusaient
au bonneteau
Au détour d’une allée du cimetière, le vent ayant tout renversé, c’est comme si je surprenais une activité illicite, ils sont partis en toute hâte, laissant tout en place.
C’est souvent comme ça, je suis saisi par une situation, par une émotion et je sais rapidement si je vais  la retranscrire en haïku, peinture ou photo.
Ici, il y avait un haïku, il est venu sur le chemin du retour.
Patrick Chomier



Fin septembre au parc
début des migrations –
des vaches volent
Au M.A.C., sur un écran, était projeté un petit film tourné lors de l’inauguration de la Biennale, fin septembre, au parc de Miribel-Jonage. Il s’agissait d’une envolée de cerfs-volants à tête de vache
J’ai immédiatement pensé à la multitude d’oiseaux qui se regroupent au dessus du plan d’eau, à cette période de début d’automne, en vue des migrations saisonnières. Le rapprochement m’a inspiré ce haïku.
Irène Chaléard


Sur un fond noir
Des cercles de lumière
Épiphanie
Dimanche matin, 7 janvier 2018, les yeux fermés dans un demi-sommeil.
Jacques Beccaria


miettes de galette –
jour de l’adoration
pour les mésanges
Pour le week-end de l’Épiphanie, ma petite famille s’est isolée à la campagne. Le repas terminé, ce qu’il reste de la traditionnelle galette (faite maison) a été laissée sur la terrasse à l’intention des oiseaux du jardin. Dehors, il fait froid et nu. Alors, la ruée ne se fait pas attendre. Chacune leur tour, les mésanges viennent participer au festin. L’impression est déjà là. Les oiseaux adorent cette galette autant que nous. Mais le haïku n’existe pas encore. Il prend forme lorsque, me renseignant un peu sur la célébration de l’Épiphanie, je tombe sur le mot « adoration ». C’est bien de cela dont il s’agit, de l’adoration. C’est le mot juste. mais au départ, il n’y a que le plaisir du spectacle de ces mésanges qui viennent picorer quelques miettes et que nous observons par la fenêtre, cachés et silencieux, pour ne pas les effrayer. Elles avaient l’air de se régaler. C’était un jour de fête, pour elles aussi.
Vincent Hoarau


attente fébrile
dans son ventre chaud
la fève
Cette année, la célébration de l’Épiphanie coïncide avec la naissance prochaine d’un enfant. Ma belle-sœur est enceinte de son premier et toute la famille attend impatiemment l’événement. Naturellement, celui-ci fait écho à une autre naissance, biblique celle-là. Et donc nous sommes tous là, en plein coeur de l’hiver, dans la chaleur de nos foyers respectifs, dans l’attente de cette naissance.
Mais il y a autre chose qui fait un matin survenir un haïku. Nous cuisinons une galette. Je la regarde à travers la vitre du four, toute dorée, avec son ventre qui gonfle et...
son ventre qui gonfle. Voilà ! Le haïku est né. Il y a quelque chose ici, dans ce ventre chaud qui gonfle dans le four, avec sa petite fève cachée à l’intérieur. Cette galette qui nous rend tous impatients et curieux. Le parallèle se fait tout seul. La galette et le ventre. La fève et le bébé.
Vincent Hoarau


Dans le métro une petite fille et son papa s’installent en face de moi. C’est l’heure de l’école. La petite fille habituée au trajet en métro ne s’étonne de rien et se gratte la tête. Elle a un bonnet, en laine sans doute, et en la voyant faire je ressens les picotements que la laine provoque sur ma tête quand j’en porte un. Je ne supporte pas la laine ni sur la tête ni ailleurs d’ailleurs.
Elle se gratte la tête et n’est pas vraiment là. Comme moi elle aimerait j’en suis sûre, pouvoir être téléportée d’un point à un autre en quelques secondes.
voyage en rêve
sous son chapeau de laine
l’enfant se grattouille
Et le métro froidement bip bip bip à chaque arrêt.
Annie Reymond


Au parc de la tête d’or, quand toutes les feuilles caduques des arbres  sont tombées et qu’il ne reste plus que les verts des arbres persistants, on peut voir des troncs et des branches de formes étranges et tourmentées.
C’est ainsi qu’en face de l’orangerie entre un platanus orientalis et un platanus occidentalis il y a un platanus hispanica qui fait l’original. Son tronc part dans un sens, puis dans l’autre, et fait des escaliers noueux. C’est à se demander où il veut aller.
Il m’a fait penser tout d’abord au patineur de César qui prend tout l’espace pour garder son équilibre,
artiste
par des escaliers noueux
l’arbre monte au ciel
puis, à une caricature sur laquelle on pourrait s’attendre à trouver des poires « daumiesques ».
égal à lui-même
l’arbre sans poire
original
Il est très étonnant cet arbre car finalement ses branches montent aussi haut que celles de ses voisins.
Annie Reymond


Maman est tombée et s’est fracturé l’épaule. Elle ne s’est pas soignée tout de suite. Les exercices proposés par le kiné à domicile sont adaptés à sa vie de ménagère : c’est comme si elle passait les légumes au moulin ou essuyait la table avec un chiffon. Mais aujourd’hui, je les entends chanter. Pour que les mouvement du bras et de l’épaule retrouvent un peu plus d’amplitude, il faut du « lourd », le retour à la ferme, à sa jeunesse, à l’enfance : la corvée de bois ! Le kiné qui est venu une fois avec son fis de six ans, connaît l’état mental de ma mère et pour lui faire lever le coude plus haut et transformer les grimaces de l’effort en sourire, il propose son répertoire :
« Scions, scions du bois »’
elle fait les gestes, avec elle
le kiné chante
Patricia Roullé


tout près des vagues –
encore dans les rues désertes
le goût des embruns
L’expression « tout près des vagues », je l’ai trouvée dans Mort à crédit, un vieux livre de poche acheté d’occasion, choisi sur une étagère de ma chambre d’enfant. À chaque retour auprès de ma famille à Rennes, je pioche désormais dans ma bibliothèque et relis mes classiques. C’est les vacances de Noël, les préparatifs de fête ne m’ont pas permis une escapade en bord de mer. Or, la plage des Rennais, c’est « la plage du sillon » à Saint-Malo, très prisée des citadins, dès le retour des beaux jours. J’aime m’y rendre au moment des grandes marées quand les vagues ne respectent plus ni la digue ni les troncs d’arbres alignés en guise de brise-lames.
Plus jeune, j’ai passé un réveillon du Nouvel an seule dans la cité corsaire, j’avais lu dans ma chambre d’hôtel, puis, à l’heure où les Malouins regagnaient leurs pénates pour se mettre au chaud et festoyer en l’honneur de Saint-Sylvestre, j’avais marché le long des vagues avant de rentrer dans la ville intra-muros.
Cette année, j’ai vu la tempête à la télé et sur facebook, via une vidéo postée par ma cousine.
Patricia Roullé


Sur le ciel gris pâle
les monts d'or devenus gris
Soir d'hiver
Pas chaque jour, mais quatre fois sans doute par semaine, je fais un tour des maisons du quartier pavillonnaire où j’habite. Je tourne à gauche, marche deux cents mètres, tourne à droite, gravit le chemin de viralamande qui se perd dans le lierre et les cerisiers. Soudain, les maisons s’effacent, je découvre à l’horizon les monts d’or au-delà de la zone maraîchère. Ce jour-là, le gris l’emporte. Mon regard est attiré par le camaïeu que forment le ciel et les monts. L'un va-t-il se fondre dans l'autre ? Les deux premières lignes se cherchent déjà dans mon esprit. Faut-il simplement répéter le mot « gris » seul ou lui ajouter le mot « pâle ». Je pense aux paysages à l'encre des peintres chinois, japonais, qui marquaient la profondeur de l'espace par des crêtes d'un gris de plus en plus dilué. Est-ce la présence des mots « gris » et « or » qui m'ont donné envie d'écrire ce haïku ? ou la répétition du mot « gris » ? et même la sonorité « d’or devenu gris » agréable à l’oreille ? Difficile de le préciser...
Jean Antonini


Sa chemise
soudain mes billes d’enfance
- kukaï d’hiver
Lieu : salle en sous-sol de la librairie « Raconte-moi la terre » pour un kukaï ;
Date : samedi 16 décembre, 14H ;
Circonstance : je retrouve Robert Gillouin vêtu d’une chemise noire à lignes croisées jaune et bleu ;
Effet émotionnel : à la vue de sa chemise me revient le plaisir de regarder, tout jeune, des agates en verre ?
Effet temporel : superposition du moment actuel et d’un moment de mon enfance. Dans « Le temps retrouvé », Proust évoque ce recoupement de deux moments comme l’expérience d’un temps pur, ou d’un temps hors du temps ;
Tentative : évoquer ce temps pur dans un haïku.
                                                                                                Jean Antonini


En habits guindés
La ronde des cousins
Qui est le marié ?
Un mariage vu par les commères assemblées dans le bistrot en face.
Nicole Barlet


La grosse lune
Tout près de la terre
Cueille nos secrets
Il y a quelques jours, lors de la nouvelle année, les informations télévisées évoquaient une lune exceptionnelle très près de la terre, plus brillante et visible. De ma terrasse, je voyais une lumière blanche alors que nous parlions entre amis autour d’un verre de whisky (Taketsuru).
Martine Mari


tenace et têtue
une idée de cornichon
me trotte dans la tête
Juste après avoir lu la proposition de Jean pour le prochain kukaï j’entends le mot  « cornichon » à la télévision. Je me dis : « çà, c’est un mot qui me plait, il faut que je fasse un haïku aux cornichons », mais j’ai beau  tourner et retourner mon cornichon dans tous les sens, le mettre à toutes les sauces, je n’y arrive pas et je sens la moutarde qui commence à me monter au nez … Et puis je me dis : « Pourquoi en faire tout un plat ? - il suffit simplement de découper le cornichon en 5/7/5 et il sera à point pour le déguster entre amis au prochain kukaï ».
                                                                           Béatrice Aupetit-Vavin


69 année cinétique
Mot : caresse de métal (installations place Bellecour 8 décembre)
Où était-ce ? Pour quelle occasion, quand ? Comme si c’était hier, pourtant...
Le vent et mon équilibre instable en ces jours ventés me font délaisser le vélo, je pense aux moulins de Don Quichotte et certaines installations éphémères citadines m’en rappellent une originelle.
Un mariage ? Non. Une rencontre des deux familles, fortuite. Qu’allions-nous tous faire en Ardèche ? Oui, petit village, placette en courant d’air, église aux larges pierres, aréopage d’adultes et de vagues cousins. Un angle, un porche, ce jour-là je n’étais pas malade.
Les yeux levés
la musique bienveillante
du vent
Babillage convenu, l’air toujours un peu gêné des demi-familles peu complémentaires, le bistrot à trouver pour point de chute. Je lis. La pancarte doit être bilingue, trouver les bons mots. Il est très probable que des mini-jupes passent aux alentours, mais bon, j’ai sept ans... Je lis et je ressens. Je lis et je retiens. ALEXANDER CALDER. Juste ce nom et une impression d’aspiration, de flottement et de caresses de métal. On m’ébouriffe la touffe blonde, je dois répondre par la grimace d’usage, m’en fous, j’suis bien.
Couleurs primaires
l’oiseau est la feuille
la feuille est l’oiseau
Danyel Borner


Vertiges
Mot : solitude
(lecture avec accent nougaresque)
Musique de la pluie –
je me couche en travers
de ma solitude
La fenêtre est froide, le mur est froid, le radiateur est tiède. Repasser en mode hiver après ce redoux, automne éteint, tu nous les brises... ! Chocolat chaud et thé de Noël, les bulles à venir seront partagées plus tard. Tenir les murs et tenter de fuir le manège tournoyant aux rennes de pain d’épices, je n’ai pas une vocation de cosmonaute en houppelande rouge et blanche. Putain de réveillon, ça tourne ! L’ordi en berne ou alors juste pour le juke-box mid-tempo d’un Jazz rapicolant et rassurant, un swing au fouet de velours, Dave Brubeck se réinventant sans cesse et Sinatra comme voix de tête. Si l’oreille interne déconne, les pavillons pathé-marconisent sans heurt.
Toulouse en écho
miel du Sud-Ouest
on a la crèche qu’on peut...
Danyel Borner


le crépuscule
juste après l'aube
six heures de vie
Relisant Jack London, et surtout ses séries de nouvelles du Yukon et du Klondike.
Nul ne peut connaître l'hiver comme il est avant d'avoir connu les grands nord. Moi même je m'interdis de parler d'hiver... Moins trente cette année à Montréal, c'est moins cinquante, mille kilomètres plus haut...et mille kilomètres ce n'est rien là bas. Pas de vie, tout est en sommeil. Quelques poissons séché pour les chiens. Pas de végétaux hormis des sapins muets...et le scorbut pour les hommes.
Franck Rollier

Et les haïbuns des absents, excusés
Dans la maison, debout devant la baie vitrée. Début décembre, le premier froid, le sol givré, les oiseaux approchant de la maison. Tout semblait figé, pas de vent.
Premier grand froid de l'hiver
L'oiseau sauvage
au creux de la main
Christian Lherbier


L'hiver, le jour ne se lève pas plus tôt que moi.
Ce lundi là, je découvre la neige par la petite fenêtre sans volet.
Barreaux d'une fenêtre
le ciel immense et rose
Il a neigé
Assise devant mon bol, je regarde le thé refléter la lumière du plafond.
Jour tout à fait levé
sur le jardin de neige
plus clair que la cuisine
Je laisse le temps aux mots, ils viennent en foule,  je les écris.
Pois noirs dans la neige
traces de pattes derrière la vitre
que l'autre chatte regarde
Catherine Guillot


3. Choisir un des haïkus entendus et écrire pourquoi vous l’appréciez
Le frottement immédiat et sans hésitation du feutre noir de Jean me ramène aux kukaïs d’antan, et l’idée du Champagne qui nous attend me fait choisir sans hésiter deux haïkus :
tenace et têtu
je me couche en travers
le kiné chante

la grosse lune
par des escaliers noueux
pour les mésanges
Patrick Chomier


pots renversés sur les tombes
comme si les morts
s'amusaient au bonneteau
Ce matin je suis passée au cimetière et j'ai vu dans une allée mal nettoyée exactement ce qui est écrit dans ce haïku mais l'idée ne m'est pas venue d'en faire un. Le soleil était chaud pour la première fois de l'année et je me suis dit que mes morts avaient une belle journée, une belle journée pour jouer au bonneteau.
Annie Reymond


Pots renversés sur les tombes
comme si les morts jouaient
au bonneteau
Le froid, la bruine persistante. À grandes enjambées rejoindre le bon carré. En avance, la douleur dépasse la dose. La pelleteuse est en train de creuser la fosse. Pas de larmes, j’ai tout donné vingt ans plus tôt pour mon premier vrai chagrin d’enfant. Un infarctus dans l’appartement surchauffé de mes parents. Adieu la petite maison aux hortensias en plein milieu des pentes de la Croix-Rousse ! Je t’ai vue ailleurs, rapidement seule, dans un appartement où je me cognais la tête aux lustres. Mamy est morte. C’est mon premier enterrement, ce sera le dernier.
Une gerbe de mimosa choisie soigneusement t’accompagne, seule lumière de ce jour. Mon esprit s’envole, je te dois tant...
Le visage de Bruno, le plus jeune des cousins, habituellement rieur et poupin, est en crue incessante. On se voit peu, je suis son calme guide jusqu’à sa classe de Fac.
Pluie de novembre –
le cadet et l’ainé
réunis
Danyel Borner


Musique de la pluie
je me couche en travers
de ma solitude
Le premiers vers amène l’apaisement, le silence, le calme. On est d’emblée dans une atmosphère de sérénité. Le second vers décrit une action : le personnage se couche. Ce peut être la nuit... ou pas. Une sieste, peut-être. Nous sommes hors du temps.
Et puis « En travers »... pourquoi en travers ? En travers du lit ? Il est donc seul. tranquille. Il peut occuper toute la place. Une note positive.
Et enfin la solitude, qui arrive tout à la fin... et qui change tout. Cette ambivalence de la solitude me plaît... qui peut tout à la fois être un plaisir et une souffrance.
Soir d’automne –
Il est un bonheur aussi
dans la solitude (Buson)
Vincent Hoarau


Fin septembre
début des migrations
Les vaches volent
J’aime ce haïku qui me rappelle François, le personnage du roman que j’ai terminé l’année dernière. François est agriculteur et s’entraîne à voler, dans un pré, entouré de ses vaches. Un soir, il disparaît avec six laitières dans un ciel nocturne. le titre du roman : Vallon des envols.
Jean Antonini


4. Conclusion
A la lecture des textes de chacun.e, les déclencheurs d’écriture d’un haïku ne sont pas très différents.
Très souvent, on indique les circonstances qui sont source du haïku, comme si une circonstance se changeait automatiquement en poème.
Et puis, l’évidence : il neige (situation), j’ai encore les yeux fermés (situation), le cimetière est en désordre (situation) et les mots viennent tout seuls. Il y a sans doute une émotion qui saisit l’auteur, mais elle n’est pas facile à saisir, à expliciter. Peut-être simplement le changement de luminosité à cause de la neige, les lumières étranges qu’on voit les yeux fermés, ou alors le contraste entre l’ordre immuable des tombes et le désordre des pots (à cause du vent).
Ensuite, certains sont inspirés par le lexique : trouver un mot qui donnera sa singularité au haïku, une expression qui ramène dans un autre temps. La situation enclenche l’écriture et le mot vient la parfaire.
Et encore, un rapprochement entre un objet vu : un arbre étrange, une petite fille qui se gratte, une superposition de gris, une galette et un ventre, cerfs-volants et oiseaux. Ce rapprochement est de l’ordre de la métaphore : il amène deux champs lexicaux à se côtoyer, de façon inhabituelle, comme la fève et le bébé ou l’arbre et l’artiste.
Ou bien il amène l’auteur.e entre deux temps : le temps présent et le souvenir, et le décalage créé provoque l’émotion à l’origine du haïku (lire Proust) : effet temporel.

Finalement, il semble bien qu’un certain décalage entre des objets, entre des temps, entre une situation habituelle et exceptionnelle soit à la source de l’écriture d’un haïku. N’est-ce pas les sources de toute poésie ? Ou bien peut-on mieux cerner ces sources du fait de la concision du haïku (le discours ne recouvre pas l’émotion initiale).



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Compte-rendu du kukaï du 11 décembre 2017

 « Des clés et des serrures »
( travail sur le haïsha)

Animateur : Robert Gillouin
Participants : Catherine Guillot,  Christian Lherbier,  Annie Reymond,  Patricia Roullé, Claire Videau,  Patrick Chomier,  Danyel Borner,  Irène Chaléard,  Marie-Claire Vaschalde.

Il arrive que, face à une image exposée, toile, photo, etc, on manque d’éléments pour être à même de pouvoir la « comprendre », ou tout simplement l’apprécier. Face à ce phénomène pour lequel l’émotion ressentie peut bloquer l’imaginaire, il est courant de se dire que, peut-être, il nous manque une « clé », un sésame qui nous permettrait d’éclairer, de révéler le sens caché d’une image au-delà de ce qui résiste en nous et nous en éloigne.

En introduction, je lis un texte de Michel Tournier, extrait de son livre « Des clés et des serrures » (éditions chêne/Hachette, 1979), dans lequel il s’attache à montrer que les mystères potentiels du monde sont des serrures qui ne demandent qu’à être ouvertes, à condition  bien sûr, d’en avoir la clé…

Flirtant avec cette idée, je propose à chacun de trouver sa propre clé, en faisant le pari qu’il n’y a pas qu’ une seule vérité dans l’interprétation d’une image, mais que, peut-être, chacun a la sienne !  Et, bien sûr, ici, pour nous, cette entrée se déclinera sous la forme d’un haïku qui fera entrer en résonance l’imaginaire et la représentation graphique….

Douze photos sont présentées au groupe,  extraites du livre « le moment des choses »  de la photographe Française Claude Batho (édition « des femmes » 1977), et d’un recueil du photographe Tchèque Josef Sudek,  (éditions PHAIDON 2001 (collection 55)

Trois photos sont choisies individuellement… pour trois haïshas !

Seuls les haïshas ayant obtenu 2, 3, ou 4 points sont ici présentés.














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Kukaï de Lyon, jeudi 16 novembre 2017

« Beaujolais nouveau »



Animateur : Jacques Beccaria
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Irène Chaléard, Christian Lherbier, Patrick Chomier, Marcelle Botto, Annie Reymond, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Pascale Drivon, Marie-Claire Vaschalde, Danyel Borner


Présentation du beaujolais nouveau et de la tradition du troisième jeudi de novembre, suivie d’un bref partage sur ce temps de l’année entre Toussaint et Noël.

Entre dégustation, casse-croûte et joyeux bavardage, nous essayons d’écrire un haïku. Quand les verres sont presque vides, nous lisons notre production et nous échangeons quelques commentaires.


Sous le ciel de novembre / saint-amour / me fait de l’œil   Béatrice Aupetit-Vavin

Arche de Noé / léger tangage / les mots dansent   Irène Chaléard

Tu crois qu’y en a / du glyphosate dans ce pinard - / Santé   Patrick Chomier

armée du salut / compagnons de la grappe / écrire en mangeant   Annie Reymond

balade en novembre / main dans la main / les beaujolais s’attachent   Robert Gillouin

Mort en décembre / le vieux monsieur / né en janvier   Catherine Guillot

Feuilles d’automne / vous brillez sous l’astre / diamants éphémères   Marie-Claire Vaschalde

Vent de novembre - / rouler jusqu’aux Terreaux / pour un bain de minuit   Danyel Borner

Brume / Le vin nouveau / Brille dans les verres   Jacques Beccaria




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Kukaï de Lyon : Lundi 16 octobre 2017

« Kukaï voyageur »


Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Robert Gillouin Catherine Guillot, Christian Lherbier, Annie Reymond, Marie-Claire Vaschalde


Cette année et sans doute les suivantes, notre Kukaï est voyageur... Uniquement dans Lyon, certes, mais dans des lieux très différents. Nombre d’entre-nous rapportent aussi, chaque saison des images et des parfums d’ailleurs. Voyage, donc... Le corps qui bouge mais aussi le voyage intérieur et un peu des deux dans ces déplacements de sens et d’existence que peuvent façonner les changements d’habitudes.
Citation d’une présentation sur le haïku de voyage de Serge Tomé à Baie-Comeau en 2007 tempslibres Serge Tomé 

Extraits d’ouvrages ou documents sur les trois propositions :

a) Voyage extérieur (Monde) :

Hitch hiked a thousand / miles and brought / You wine
J’ai fait mille / kilomètres en stop / Et t’ai apporté du vin
(Jack Kerouac,trad. Bertrand Agostini Le livre des haïkus éd. La petite Vermillon, 2012)

b) Voyage intérieur :

I’m glad to live / in a world with Malher / and chrysanthemums
heureuse de vivre / dans un monde avec Malher / et des chrysanthèmes
(Myriam Sagan in Cent Haïkus Pour La Paix, – Collectif – éd. l’iroli, 2015 )

c) Changement d’habitudes :

Larguer les amarres / pour la fête de la mer / les voiliers lâchés / à l’horizon un ancrage / une terre à accueillir 
(Danièle Duteil in  de villes en rives – tankas – de Janick Belleau et Danièle Duteil, Éditions du tanka francophone, 2017)


tsuyu no yo wa  tsuyu no yo nagara  sari nagara
Ce monde de rosée
est un monde de rosée
et pourtant pourtant ... 
(ISSA Ora ga haru : Mon année de printemps - trad. Brigitte Allioux - éditions céciledefaut, 2006)


Consultations d’ouvrages à disposition pour trouver des haïkus sur le thème et si possible les trois propositions de voyage puis Kukaï traditionnel :

insomnies
je prends des trains
qui vont nulle part

Robert Gillouin (4 points)


À travers la vitre
il me suit
le nuage

Marie -Claire Vaschalde (2 points)


Ai marché sur la colline
au bord du lac
me suis regardée

Catherine Guillot (2 points)


Nuits, jours au lit
Soleil par la fenêtre
Me penser dehors

Catherine Guillot (2 points)


centre de rétention
un vol d’oiseaux migrateurs
par la fenêtre

Robert Gillouin (2 points)


Un an déjà !
la marée du Saint-Laurent
sur mon téléphone

Danyel Borner (2 points)


Avec 1 point :

Je prépare mon grand voyage / La tête lourde / Comme une valise   Jacques Beccaria

au milieu du ciel / une hirondelle / je pars avec elle   Annie Reymond

prendre le bateau / pour aller jusqu’au bout / écume blanche   Annie Reymond

Voyage en avion / Elle va chercher ailleurs / son dernier printemps   Béatrice Aupetit-Vavin

Ici ou ailleurs / voir dans le ciel la même lune / Toujours mystérieuse   Béatrice Aupetit-Vavin

Face à la mer / les vagues sont mes compagnes / mon esprit vogue   Marie-Claire Vaschalde

À chaque question / une réponse dans sa main / Frisson du voyage   Danyel Borner

Un nouveau tapis / sur le chemin des vélos – / soir d’été indien   Danyel Borner




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Kukaï de Lyon, lundi 2 octobre 2017

« juillet août au ras des pâquerettes »

Animateur : Patrick Chomier
Participants : Marcelle Botto, Béatrice Aupetit-Vavin, Irène Chaléard, Marie-Claire Vaschade, Jacques Beccaria, Chantal Christin, Irène Parlier, Patricia Roullé, Claire Videau, Annie Reymond, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Danyel Borner

Nous avons démarré cette saison par un tour de table sur nos capacités et difficultés à être dans le moment présent puis nous avons introduit les notions de se situer « au ras des pâquerettes » et de « laisser surgir » la parole, les mots rendant compte de nos émotions, nos ressentis (Voir Gong n°56 Qu'est-ce qui nous attache au haïku ?).


Pour ce premier kukaï, nous choisissons comme thème : juillet août au ras des pâquerettes



un deux trois soleil
les rires des enfants derrière
le mur du cimetière
           
Patrick Chomier (6 points)


Heure de la sieste
même ma robe légère
trop chaude

Chantal Christin (3 points)


lavée de rosée
la prairie
et le bas du pantalon

Patricia Roullé (3 points)


Les mains de mes sœurs
Papillons sur sa peau
retiennent à la vie, ma mère

Christian Lherbier (3 points)


Un papillon
posé sur mon bras
Ne plus bouger

Béatrice Aupetit-Vavin (2 points)


Même l'ombre du cerisier
N'en est pas venue à bout
Canicule d'août

Marcelle Botto (2 points)


 Avec 1 point :

Marcher le long de l'eau / reprendre le rythme / de la vie debout   Catherine Guillot

étoile filante / en direction de la lune / poussières sur mes pieds    Annie Reymond

File d'attente / au péage d'autoroute / Sable dans les yeux    Irène Chaléard

Mon désir nu – / enfin retirer l'épingle / au papillon    Danyel Borner

cinq degré de plus – / hier j'ai fait cuire un œuf / sur ma poitrine    Danyel Borner

Elle bouge encore / la mante religieuse / délaissée par le chat    Marcelle Botto

le froid des vagues / à hauteur de poitrine / plouf ! je nage    Patricia Roullé

chaleur accablante / même la chaise en plastique / a fondu en larmes    Patrick Chomier