Kukaï
de Lyon, 14
juin 2018
Ginko
« Musiques et silences du parc »
Animateur : Danyel Borner
Participants : Christian Lherbier, Catherine Guillot, Irène Chaléard, Martine Mari, Sandrine ,,, Nicole Barlet, Marcelle Botto, Béatrice Aupetit-Vavin, Jean Antonini, Marie-Claire Vaschalde, Annie Reymond
Participants : Christian Lherbier, Catherine Guillot, Irène Chaléard, Martine Mari, Sandrine ,,, Nicole Barlet, Marcelle Botto, Béatrice Aupetit-Vavin, Jean Antonini, Marie-Claire Vaschalde, Annie Reymond
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Kukaï
de Lyon, 17 mai 2018
Haïshas
Animateur Robert Gillouin
Participants : Christian Lherbier, Catherine Guillot, Patrick Chomier, Nicole Barlet, Pascale Drivon, Claire Videau, Patricia Roullé, Irène Chaléard, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Marie-Claire Vaschalde, Martine Mari, Jacques Beccaria, Annie Reymond, Marcelle Botto
Participants : Christian Lherbier, Catherine Guillot, Patrick Chomier, Nicole Barlet, Pascale Drivon, Claire Videau, Patricia Roullé, Irène Chaléard, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Marie-Claire Vaschalde, Martine Mari, Jacques Beccaria, Annie Reymond, Marcelle Botto
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Kukaï
de Lyon, 3 mai 2018
Juniku
bar de printemps
Participants : Nicole Barlet, Marie-Claire Vaschalde, Danyel Borner, Martine Mari, Jacques Beccaria, Annie Reymond, Patricia Roullé, Marie-Hélène Tufel, Robert Gillouin, Béatrice Aupetit-Vavin, Pascale Drivon
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Kukaï de Lyon, lundi 16
avril 2018
« Passage »
Animateur :
Jacques Beccaria
Participants :
Patrick Chomier, Christian Lherbier, Irène Chaléard, Marie-Hélène
Tufel, Martine Mari, Annie Reymond, Patricia Strauss, Béatrice
Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Aurélie Ravaud, Marcelle Botto,
Catherine Guillot, Robert Gillouin, Marie-Claire Vaschalde, Nicole
Barlet, Pascale Drivon
Il
était proposé d’apporter un texte court (poème, prose ou
production personnelle) sur le thème « Passage » :
quitter son logement, sa ville, son pays, changer d’emploi, de vie,
« passer à autre chose », partir.
Chacun,
s’il le souhaite, présente son texte et le lit. La lecture peut
être suivie d’un commentaire et d’un bref échange.
On
a eu des lectures sensibles, intenses, teintées parfois d’un
humour pudique. On a pu écouter aussi des textes de Blaise Cendrars,
Vladimir Nabokov, Philippe Labro ou Johann Wolfgang von Goethe.
La
séance se poursuit par un kukaï :
on donne deux haïkus et après une lecture de l’ensemble des
textes, on en retient deux (un point par haïku).
mort
de mon père
de
sa poche à ma poche
son
marron d’Inde
Béatrice
Aupetit-Vavin (6 points)
Seizième
printemps
entre
punk et gothique
le
passage clouté
Aurélie
Ravaud (5 points)
Comme
les Beatles
Fixés
pour l’éternité
Sur
un passage piéton
Jacques
Beccaria (3 points)
Pont
Bonaparte
Je
pense à l’avenir
Et
au passé
Jacques
Beccaria (2 points)
Passage
couvert -
changer
de niveau de vie
en
montant la côte
Irène
Chaléard (2 points)
Jour
écourté
de
sombres nuages passent
à
l’heure d’été
Irène
Chaléard (2 points)
elle
s’exerce
à
signer autrement
Demain
le grand jour
Béatrice
Aupetit-Vavin (2 points)
Quitter
le Nord
pour
un presque Sud
Perdre
ses amis
Catherine
Guillot (2 points)
Avec
1 point :
Autour
de la table / Seul à lever la tête / Passe-moi le sel !
Christian
Lherbier
Dans
le laurier les larves / dévorent les racines / devenir hanneton
Christian
Lherbier
Dernier
hiver / en dextérité sa main / gagne l’élève
Aurélie
Ravaud
Chat
de gouttière / Autrefois chat de concours / Libre sur les toits
Martine
Mari
des
envies d’ailleurs / encore / des envies d’ailleurs
Annie
Reymond
masque bleu azur / le rideau
des paupières tombe / sur le chirurgien
Patricia
Strauss
perdu
/ dans la douceur / d’une forêt de songes / avancer
Robert
Gillouin
Neige
aux sommets / Sur le balcon au soleil / L’orchidée blanche
Nicole
Barlet
les
voyageurs passent / dans la salle des pas perdus / où sont leurs
bagages ?
Pascale Drivon
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Kukaï
de Lyon, Jeudi 22 mars 2018
Haïkutons
autour d’un vert !
Promenade
de printemps en homophonie
Animateur :
Danyel Borner
Participants :
Béatrice Aupetit-Vavin, Nicole Barlet, Marcelle Botto, Irène
Chaléard, Patrick Chomier, Robert Gillouin, Martine Mari, Aurélie
Ravaud, Annie Reymond, Patricia Roullé, Marie-Claire Vaschalde,
L’homophonie
est la base de tout jeu de mot basique ou complexe, explicite ou
implicite jusqu’à la contrepèterie qui s’en joue en décalant
les sons. La langue française est riche en homophones parfaits.
Ainsi, les mots VERS, VER, VERRE, VERT et VAIR. Ce dernier continue
même de diviser les analystes quant à l’antériorité ou la
vraisemblance selon les nombreuses versions (francophones
ou non) du conte
Cendrillon circulant
de par le Monde.
Lecture
des différentes acceptions sur un document listant définitions
puisées dans le Grand Littré.
En
(très court) résumé :
VERS :
assemblage de mots mesurés et cadencés selon certaines règles
fixes et déterminées.
VERS
(2) : préposition servant à exprimer une certaine direction,
une situation...
VER :
lombric terrestre et tout animal présentant analogie.
VERRE :
corps solide, amorphe, transparent, dur et fragile obtenu en fondant
du sable siliceux avec de la potasse de soude.
VERT :
de la couleur de l’herbe et des feuilles des arbres.
VAIR :
fourrure de l’écureuil petit gris. Terme héraldique.
Recherche
dans un stock de la revue Gong
de
haïkus mentionnant une de ces versions et/ou rédaction fantaisiste
d’une définition.
Enfin,
procédure d’un kukaï classique avec deux haïkus proposés.
Sur
la voie verte
le
parfum doux et sucré
de
l’aubépine
Marcelle
Botto : 4 points
Un
petit jaune
frais
dans le verre –
l’abeille
sirote
Aurélie
Ravaud : 4 points
Face
au
vers luisant
le
vert tige
Patrick
Chomier : 3 points
verre
dépoli
un
filtre interposé
monde
de rêve
Nicole
Barlet : 3 points
Semis
rouge vif
Dans
la prairie vert tendre
des
coquelicots
Martine
Mari : 2 points
Rongé
par les vers
L’homme
célèbre aussi
Ainsi
va la vie
Martine
Mari : 2 points
Avec
1 point :
par la fenêtre / tout vert / mon univers
par la fenêtre / tout vert / mon univers
Robert
Gillouin
« Trinquons !! »
dit-elle / les verres s’entrechoquent / sourires de printemps
Annie
Reymond
une
petite langue verte / sous une brune carapace / bourgeon d’hortensia
Béatrice
Aupetit-Vavin
Printemps
au Caro / le kukaï se met au vert / jusqu’au plafond
Irène
Chaléard
pantoufle
de vair / qui l’emmènera au bal ? / Cendrillon en jean
Nicole
Barlet
Maudit
pique-assiettes ! / En blouson de vair / une bande d’écureuils
Danyel Borner
Danyel Borner
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Kukaï de Lyon, jeudi 1er mars 2018
"écoute / non écoute & patience / impatience "
Animateur : Patrick Chomier
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Annie Reymond, Jacques Beccaria, Marie-Claire Vaschalde, Irène Chaléard, Patricia Roulé, Martine Mari, Nicole Barlet, Catherine
Guillot, Christian Lherbier, Robert Gillouin, Danyel Borner
Après un temps d'écoute et de partage de deux extraits de récents kukaïs, nous choisissons comme thème : écoute / non écoute et patience / impatience
dans le buisson
un bruissement d'ailes
mon chat ouvre l'oeil
Béatrice Aupetit-Vavin : 5 points
Repas de fête
les fourmis s'invitent
dans mes jambes
Béatrice Aupetit-Vavin : 4 points
Doucement doucement
Il sera bientôt là l'été
Mais après ?
Jacques Beccaria : 4 points
neige de mars
l'enfant met ses bottes rouges
– une flaque déjà
Annie Reymond : 3 points
Neige sur les cèdres
Le temps suspendu au ciel –
Où sont donc mes gants ?
Irène Chaléard : 2 points
Réveillée tôt
Silence des draps blancs
Ecouter la neige
Catherine Guillot : 2 points
Avec 1 point :
Longtemps désirés / gâteaux dans la vitrine / vite engloutis Martine Mari
démarche lente / paroles ensevelies / gestes amplifiés Nicole Barlet
lentement / écouter son rêve / pluie de printemps Robert Gillouin
octobre au soleil / écouter / le silence des couleurs Robert Gillouin
Première neige / attendre la fin du cycle / devant la machine Danyel Borner
Métro, il chante / "ça suffit" hurle-t-elle / la main sur son sonotone Patrick Chomier
Kukaï de Lyon, lundi 15 février 2018
Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Patrick Chomier, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Annie Reymond, Marie-Hélène Tufel, Marie-Claire Vaschalde, Claire Videau
En ce beau lieu inspirant près des réserves en flacons, un thème : l'Ivresse.
Lecture d'un document vidéo montrant Serge Reggiani disant Enivrez-vous de Charles Baudelaire (in Les petits poèmes en prose et Spleen de Paris).
Séance "Cut-up" avec rappel du principe selon les découpages aléatoires de Brion Gysin et William S. Burroughs, poètes de la Beat Generation.
Lettrines et mots découpés dans des magazines selon aspect visuel et non idée de sens pré-établi.
L'assemblage avant collage, puisé dans un petit stock de chacun, s'opère sans réfléchir, les mots courant tout seuls sur la feuille A4 distribuée. Ainsi, que l'on rejoigne vraiment le thème donné ou non, il plane sur chaque feuille et haïku obtenu un parfum de surréel que les poètes des années 20 avaient expérimenté bien avant la logorrhée hallucinogène des 50's et 60's.
Une belle séance, indeed !
Participants : Béatrice Aupetit-Vavin, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Patrick Chomier, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Annie Reymond, Marie-Hélène Tufel, Marie-Claire Vaschalde, Claire Videau
En ce beau lieu inspirant près des réserves en flacons, un thème : l'Ivresse.
Lecture d'un document vidéo montrant Serge Reggiani disant Enivrez-vous de Charles Baudelaire (in Les petits poèmes en prose et Spleen de Paris).
Séance "Cut-up" avec rappel du principe selon les découpages aléatoires de Brion Gysin et William S. Burroughs, poètes de la Beat Generation.
Lettrines et mots découpés dans des magazines selon aspect visuel et non idée de sens pré-établi.
L'assemblage avant collage, puisé dans un petit stock de chacun, s'opère sans réfléchir, les mots courant tout seuls sur la feuille A4 distribuée. Ainsi, que l'on rejoigne vraiment le thème donné ou non, il plane sur chaque feuille et haïku obtenu un parfum de surréel que les poètes des années 20 avaient expérimenté bien avant la logorrhée hallucinogène des 50's et 60's.
Une belle séance, indeed !
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Kukaï de Lyon, lundi 29 janvier 2018
Animateur :
Patrick Chomier
Participants :
Nicole Barlet, Marcelle Botto, Marie-Claire Vaschade, Danyel Borner, Martine
Mari, Irène Chaléard, Catherine Guillot, Annie Reymond, Patricia Roullé,
Marie-Hélène Tufel, Christian Lherbier, Robert Gillouin, Béatrice Aupetit-Vavin
Dans
une 1ère partie, nous répondons aux questions des nouvelles personnes venues au
kukaï. On remarque que beaucoup de haïkus sont visuels (en effet, la vue occupe
80 % des sens chez l'homme), décrivent des paysages. J'en profite pour proposer
un kukaï où sur les 2 haïkus que nous avons à écrire, l'un ne sera pas
visuel :
Les
cloches de Saint Jean
pour
une toque blanche
– Les
étoiles s'envolent
Béatrice Aupetit-Vavin (6
points)
Temps
arrêté
Sur
la cité médiévale
L'horloge
en panne
Irène Chaléard (5 points)
mon
horoscope
m'encourage
à sourire
qu'est-ce
qui lui prend
Annie Reymond (4 points)
au
milieu du bois
temps
d'arrêt
le
chant d'un oiseau
Patricia Roullé (2 points)
Avec 1 point :
regards égarés / silencieux,
immobiles / rêvant du passé Nicole Barlet
passion du haïku / paroles
entrecroisées / pensées mélangées Nicole Barlet
Mousses mordorées / Reflets du
soleil couchant / l'araignée tisse Martine Mari
Ça va, ça court ça ? /
Poc gratte gratte dans le mur / Silence Catherine Guillot
Tu es allongée / Dans le
sombre funérarium / Caresse sur ta joue Marie-Hélène
Tuffel
lumière d'hiver / lentement
sur le marais / un ibis s'envole Robert Gillouin
Lune rousse – / au cœur de la
nef / la Sainte
exulte Danyel Borner
bruit des pas / sur nos têtes
silencieuses / jusqu'à huit heures dix Annie Reymond
Miel sur le saumon / une pizza
"sucré-salé" / humeur de janvier Irène Chaléard
Caprice d'enfant / Une glace
en plein hiver / dans le caniveau Béatrice Aupetit-Vavin
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KUKAÏ DE LYON
Séance du 11 janvier 2018
Animation : Jean Antonini
Participant.es : Vincent
Hoarau, Franck Rollier, Patrick Chomier, Jacques Beccaria, Martine Mari,
Nicole Barlet, Pascale Drivon, Béatrice Aupetit-Vavin, Danyel Borner, Annie
Reymond, Claire Videau, Irène Chaléard, Marcelle Botto, Patricia
Roullé, Aurélie Ravaud
Quel
détail dans la réalité : geste, image, sensations, ... retient mon
attention au point de me donner envie d’écrire un haïku ?
Je
vous propose d’apporter, jeudi 11 janvier, 19H, quelques haïkus écrits les
jours précédents. Pour chaque haïku, écrivez un texte en prose qui explique ce
qui a déclenché l’écriture du haïku.
Nous
aurons ainsi des ensembles haïku+prose qui formeront des haïbuns.
1. La séance, introduction.
La forme poétique que nous
pratiquons : le haïku, est une forme poétique japonaise. Et nous sommes
français, de culture française. Nous ne connaissons cette forme
« haïku » que très récemment, elle est pratiquée en France depuis 110
ans. Et pourtant, nous sommes attachés à cette forme poétique. Depuis 110 ans,
des publications de haïku en français se font, de manière croissante,
d’ailleurs. Qu’est-ce qui constitue cet attachement pour le haïku ?
Comment comprendre cet attachement à une forme poétique d’une culture si
éloignée de nous ?
Pour nous approprier
complètement cette forme, nous ne pouvons pas faire l’économie de nous
confronter à la culture japonaise. Mais ce n’est pas l’imitation de la poésie
japonaise ni le rejet de la poésie japonaise qui peut nous mener à la source de
notre écriture.
C’est en ce sens que je vous
ai proposé d’écrire à la suite d’un haïku qui vous est venu les circonstances,
les pensées, les détails qui vous ont amené à écrire ce haïku. Avec ces textes,
nous commencerons une tentative pour mieux comprendre ce qui suscite l’écriture
du haïku en nous.
2.
Les textes apportés et lus
pots
renversés sur les tombes
comme
si les morts s’amusaient
au
bonneteau
Au détour d’une allée du
cimetière, le vent ayant tout renversé, c’est comme si je surprenais une
activité illicite, ils sont partis en toute hâte, laissant tout en place.
C’est souvent comme ça, je
suis saisi par une situation, par une émotion et je sais rapidement si je
vais la retranscrire en
haïku, peinture ou photo.
Ici, il y avait un haïku, il
est venu sur le chemin du retour.
Patrick
Chomier
Fin
septembre au parc
début
des migrations –
des
vaches volent
Au M.A.C., sur un écran, était
projeté un petit film tourné lors de l’inauguration de la Biennale, fin septembre,
au parc de Miribel-Jonage. Il s’agissait d’une envolée de cerfs-volants à tête
de vache
J’ai immédiatement pensé à la
multitude d’oiseaux qui se regroupent au dessus du plan d’eau, à cette période
de début d’automne, en vue des migrations saisonnières. Le rapprochement m’a
inspiré ce haïku.
Irène Chaléard
Sur
un fond noir
Des
cercles de lumière
Épiphanie
Dimanche matin, 7 janvier
2018, les yeux fermés dans un demi-sommeil.
Jacques Beccaria
miettes
de galette –
jour
de l’adoration
pour
les mésanges
Pour le week-end de
l’Épiphanie, ma petite famille s’est isolée à la campagne. Le repas terminé, ce
qu’il reste de la traditionnelle galette (faite maison) a été laissée sur la
terrasse à l’intention des oiseaux du jardin. Dehors, il fait froid et nu.
Alors, la ruée ne se fait pas attendre. Chacune leur tour, les mésanges
viennent participer au festin. L’impression est déjà là. Les oiseaux adorent
cette galette autant que nous. Mais le haïku n’existe pas encore. Il prend
forme lorsque, me renseignant un peu sur la célébration de l’Épiphanie, je
tombe sur le mot « adoration ». C’est bien de cela dont il s’agit, de
l’adoration. C’est le mot juste. mais au départ, il n’y a que le plaisir du
spectacle de ces mésanges qui viennent picorer quelques miettes et que nous
observons par la fenêtre, cachés et silencieux, pour ne pas les effrayer. Elles
avaient l’air de se régaler. C’était un jour de fête, pour elles aussi.
Vincent Hoarau
attente
fébrile
dans
son ventre chaud
la
fève
Cette année, la célébration de
l’Épiphanie coïncide avec la naissance prochaine d’un enfant. Ma belle-sœur est
enceinte de son premier et toute la famille attend impatiemment l’événement.
Naturellement, celui-ci fait écho à une autre naissance, biblique celle-là. Et
donc nous sommes tous là, en plein coeur de l’hiver, dans la chaleur de nos
foyers respectifs, dans l’attente de cette naissance.
Mais il y a autre chose qui
fait un matin survenir un haïku. Nous cuisinons une galette. Je la regarde à
travers la vitre du four, toute dorée, avec son ventre qui gonfle et...
son ventre qui gonfle.
Voilà ! Le haïku est né. Il y a quelque chose ici, dans ce ventre chaud
qui gonfle dans le four, avec sa petite fève cachée à l’intérieur. Cette
galette qui nous rend tous impatients et curieux. Le parallèle se fait tout
seul. La galette et le ventre. La fève et le bébé.
Vincent Hoarau
Dans le métro une petite fille
et son papa s’installent en face de moi. C’est l’heure de l’école. La petite
fille habituée au trajet en métro ne s’étonne de rien et se gratte la tête.
Elle a un bonnet, en laine sans doute, et en la voyant faire je ressens les
picotements que la laine provoque sur ma tête quand j’en porte un. Je ne
supporte pas la laine ni sur la tête ni ailleurs d’ailleurs.
Elle se gratte la tête et
n’est pas vraiment là. Comme moi elle aimerait j’en suis sûre, pouvoir être
téléportée d’un point à un autre en quelques secondes.
voyage
en rêve
sous
son chapeau de laine
l’enfant
se grattouille
Et le métro froidement bip bip
bip à chaque arrêt.
Annie Reymond
Au parc de la tête d’or, quand
toutes les feuilles caduques des arbres
sont tombées et qu’il ne reste plus que les verts des arbres
persistants, on peut voir des troncs et des branches de formes étranges et
tourmentées.
C’est ainsi qu’en face de
l’orangerie entre un platanus
orientalis et un platanus
occidentalis il y a un platanus
hispanica qui fait l’original. Son tronc part dans un sens, puis dans
l’autre, et fait des escaliers noueux. C’est à se demander où il veut aller.
Il m’a fait penser tout
d’abord au patineur de César qui prend tout l’espace pour garder son équilibre,
artiste
par
des escaliers noueux
l’arbre
monte au ciel
puis, à une caricature sur
laquelle on pourrait s’attendre à trouver des poires « daumiesques ».
égal
à lui-même
l’arbre
sans poire
original
Il est très étonnant cet arbre
car finalement ses branches montent aussi haut que celles de ses voisins.
Annie Reymond
Maman est tombée et s’est
fracturé l’épaule. Elle ne s’est pas soignée tout de suite. Les exercices
proposés par le kiné à domicile sont adaptés à sa vie de ménagère : c’est
comme si elle passait les légumes au moulin ou essuyait la table avec un
chiffon. Mais aujourd’hui, je les entends chanter. Pour que les mouvement du
bras et de l’épaule retrouvent un peu plus d’amplitude, il faut du
« lourd », le retour à la ferme, à sa jeunesse, à l’enfance : la
corvée de bois ! Le kiné qui est venu une fois avec son fis de six ans,
connaît l’état mental de ma mère et pour lui faire lever le coude plus haut et
transformer les grimaces de l’effort en sourire, il propose son
répertoire :
« Scions,
scions du bois »’
elle
fait les gestes, avec elle
le
kiné chante
Patricia Roullé
tout
près des vagues –
encore
dans les rues désertes
le
goût des embruns
L’expression « tout près
des vagues », je l’ai trouvée dans Mort
à crédit, un vieux livre de poche acheté d’occasion, choisi sur une
étagère de ma chambre d’enfant. À chaque retour auprès de ma famille à Rennes,
je pioche désormais dans ma bibliothèque et relis mes classiques. C’est les
vacances de Noël, les préparatifs de fête ne m’ont pas permis une escapade en
bord de mer. Or, la plage des Rennais, c’est « la plage du sillon » à
Saint-Malo, très prisée des citadins, dès le retour des beaux jours. J’aime m’y
rendre au moment des grandes marées quand les vagues ne respectent plus ni la
digue ni les troncs d’arbres alignés en guise de brise-lames.
Plus jeune, j’ai passé un
réveillon du Nouvel an seule dans la cité corsaire, j’avais lu dans ma chambre
d’hôtel, puis, à l’heure où les Malouins regagnaient leurs pénates pour se
mettre au chaud et festoyer en l’honneur de Saint-Sylvestre, j’avais marché le
long des vagues avant de rentrer dans la ville intra-muros.
Cette année, j’ai vu la
tempête à la télé et sur facebook, via une vidéo postée par ma cousine.
Patricia Roullé
Sur le ciel gris pâle
les monts d'or devenus gris
Soir d'hiver
les monts d'or devenus gris
Soir d'hiver
Pas chaque jour, mais quatre
fois sans doute par semaine, je fais un tour des maisons du quartier
pavillonnaire où j’habite. Je tourne à gauche, marche deux cents mètres, tourne
à droite, gravit le chemin de viralamande
qui se perd dans le lierre et les cerisiers. Soudain, les maisons s’effacent,
je découvre à l’horizon les monts d’or au-delà de la zone maraîchère. Ce
jour-là, le gris l’emporte. Mon regard est attiré par le camaïeu que forment le
ciel et les monts. L'un va-t-il se fondre dans l'autre ? Les deux premières
lignes se cherchent déjà dans mon esprit. Faut-il simplement répéter le mot
« gris » seul ou lui ajouter le mot « pâle ». Je pense aux paysages
à l'encre des peintres chinois, japonais, qui marquaient la profondeur de
l'espace par des crêtes d'un gris de plus en plus dilué. Est-ce la présence des
mots « gris » et « or » qui m'ont donné envie d'écrire ce
haïku ? ou la répétition du mot « gris » ? et même la sonorité
« d’or devenu gris » agréable à l’oreille ? Difficile de le
préciser...
Jean Antonini
Sa
chemise
soudain
mes billes d’enfance
-
kukaï d’hiver
Lieu : salle en sous-sol
de la librairie « Raconte-moi la terre » pour un kukaï ;
Date : samedi 16 décembre,
14H ;
Circonstance : je
retrouve Robert Gillouin vêtu d’une chemise noire à lignes croisées jaune et
bleu ;
Effet émotionnel : à la
vue de sa chemise me revient le plaisir de regarder, tout jeune, des agates en
verre ?
Effet temporel :
superposition du moment actuel et d’un moment de mon enfance. Dans « Le
temps retrouvé », Proust évoque ce recoupement de deux moments comme
l’expérience d’un temps pur, ou d’un temps hors du temps ;
Tentative : évoquer ce
temps pur dans un haïku.
Jean Antonini
En
habits guindés
La
ronde des cousins
Qui
est le marié ?
Un mariage vu par les commères assemblées dans le
bistrot en face.
Nicole Barlet
La
grosse lune
Tout
près de la terre
Cueille
nos secrets
Il y a quelques jours, lors de
la nouvelle année, les informations télévisées évoquaient une lune
exceptionnelle très près de la terre, plus brillante et visible. De ma
terrasse, je voyais une lumière blanche alors que nous parlions entre amis
autour d’un verre de whisky (Taketsuru).
Martine Mari
tenace
et têtue
une
idée de cornichon
me
trotte dans la tête
Juste après avoir lu la
proposition de Jean pour le prochain kukaï j’entends le mot
« cornichon » à la télévision. Je me dis : « çà, c’est un mot
qui me plait, il faut que je fasse un haïku aux cornichons », mais j’ai
beau tourner et retourner mon cornichon
dans tous les sens, le mettre à toutes les sauces, je n’y arrive pas et je sens
la moutarde qui commence à me monter au nez … Et puis je me dis :
« Pourquoi en faire tout un plat ? - il suffit simplement de découper
le cornichon en 5/7/5 et il sera à point pour le déguster entre amis au
prochain kukaï ».
Béatrice Aupetit-Vavin
69
année cinétique
Mot :
caresse de métal (installations place Bellecour 8 décembre)
Où était-ce ? Pour quelle
occasion, quand ? Comme si c’était hier, pourtant...
Le vent et mon équilibre
instable en ces jours ventés me font délaisser le vélo, je pense aux moulins de
Don Quichotte et certaines installations éphémères citadines m’en rappellent
une originelle.
Un mariage ? Non. Une
rencontre des deux familles, fortuite. Qu’allions-nous tous faire en
Ardèche ? Oui, petit village, placette en courant d’air, église aux larges
pierres, aréopage d’adultes et de vagues cousins. Un angle, un porche, ce
jour-là je n’étais pas malade.
Les
yeux levés
la
musique bienveillante
du
vent
Babillage convenu, l’air
toujours un peu gêné des demi-familles peu complémentaires, le bistrot à
trouver pour point de chute. Je lis. La pancarte doit être bilingue, trouver
les bons mots. Il est très probable que des mini-jupes passent aux alentours,
mais bon, j’ai sept ans... Je lis et je ressens. Je lis et je retiens.
ALEXANDER CALDER. Juste ce nom et une impression d’aspiration, de flottement et
de caresses de métal. On m’ébouriffe la touffe blonde, je dois répondre par la
grimace d’usage, m’en fous, j’suis bien.
Couleurs
primaires
l’oiseau
est la feuille
la
feuille est l’oiseau
Danyel Borner
Vertiges
Mot :
solitude
(lecture
avec accent nougaresque)
Musique
de la pluie –
je
me couche en travers
de
ma solitude
La fenêtre est froide, le mur
est froid, le radiateur est tiède. Repasser en mode hiver après ce redoux,
automne éteint, tu nous les brises... ! Chocolat chaud et thé de Noël, les
bulles à venir seront partagées plus tard. Tenir les murs et tenter de fuir le
manège tournoyant aux rennes de pain d’épices, je n’ai pas une vocation de
cosmonaute en houppelande rouge et blanche. Putain de réveillon, ça
tourne ! L’ordi en berne ou alors juste pour le juke-box mid-tempo d’un
Jazz rapicolant et rassurant, un swing au fouet de velours, Dave Brubeck se
réinventant sans cesse et Sinatra comme voix de tête. Si l’oreille interne
déconne, les pavillons pathé-marconisent sans heurt.
Toulouse
en écho
miel
du Sud-Ouest
on
a la crèche qu’on peut...
Danyel Borner
le
crépuscule
juste
après l'aube
six
heures de vie
Relisant
Jack London, et surtout ses séries de nouvelles du Yukon et du Klondike.
Nul
ne peut connaître l'hiver comme il est avant d'avoir connu les grands nord. Moi
même je m'interdis de parler d'hiver... Moins trente cette année à Montréal,
c'est moins cinquante, mille kilomètres plus haut...et mille kilomètres ce
n'est rien là bas. Pas de vie, tout est en sommeil. Quelques poissons séché
pour les chiens. Pas de végétaux hormis des sapins muets...et le scorbut pour
les hommes.
Franck
Rollier
Et
les haïbuns des absents, excusés
Dans
la maison, debout devant la baie vitrée. Début décembre, le premier froid, le
sol givré, les oiseaux approchant de la maison. Tout semblait figé, pas de
vent.
Premier
grand froid de l'hiver
L'oiseau
sauvage
au
creux de la main
Christian
Lherbier
L'hiver, le jour ne se lève pas plus tôt que moi.
Ce lundi là, je découvre la neige par la petite
fenêtre sans volet.
Barreaux
d'une fenêtre
le
ciel immense et rose
Il
a neigé
Assise devant mon bol, je regarde le thé refléter la
lumière du plafond.
Jour
tout à fait levé
sur
le jardin de neige
plus
clair que la cuisine
Je laisse le temps aux mots, ils viennent en
foule, je les écris.
Pois
noirs dans la neige
traces
de pattes derrière la vitre
que
l'autre chatte regarde
Catherine
Guillot
3.
Choisir un des haïkus entendus et écrire pourquoi vous l’appréciez
Le frottement immédiat et sans
hésitation du feutre noir de Jean me ramène aux kukaïs d’antan, et l’idée du
Champagne qui nous attend me fait choisir sans hésiter deux haïkus :
tenace
et têtu
je
me couche en travers
le
kiné chante
la
grosse lune
par
des escaliers noueux
pour
les mésanges
Patrick Chomier
pots
renversés sur les tombes
comme
si les morts
s'amusaient
au bonneteau
Ce matin je suis passée au
cimetière et j'ai vu dans une allée mal nettoyée exactement ce qui est écrit
dans ce haïku mais l'idée ne m'est pas venue d'en faire un. Le soleil était
chaud pour la première fois de l'année et je me suis dit que mes morts avaient
une belle journée, une belle journée pour jouer au bonneteau.
Annie Reymond
Pots
renversés sur les tombes
comme
si les morts jouaient
au
bonneteau
Le froid, la bruine
persistante. À grandes enjambées rejoindre le bon carré. En avance, la douleur
dépasse la dose. La pelleteuse est en train de creuser la fosse. Pas de larmes,
j’ai tout donné vingt ans plus tôt pour mon premier vrai chagrin d’enfant. Un
infarctus dans l’appartement surchauffé de mes parents. Adieu la petite maison
aux hortensias en plein milieu des pentes de la Croix-Rousse !
Je t’ai vue ailleurs, rapidement seule, dans un appartement où je me cognais la
tête aux lustres. Mamy est morte. C’est mon premier enterrement, ce sera le
dernier.
Une gerbe de mimosa choisie
soigneusement t’accompagne, seule lumière de ce jour. Mon esprit s’envole, je
te dois tant...
Le visage de Bruno, le plus
jeune des cousins, habituellement rieur et poupin, est en crue incessante. On
se voit peu, je suis son calme guide jusqu’à sa classe de Fac.
Pluie
de novembre –
le
cadet et l’ainé
réunis
Danyel Borner
Musique
de la pluie
je
me couche en travers
de
ma solitude
Le premiers vers amène
l’apaisement, le silence, le calme. On est d’emblée dans une atmosphère de
sérénité. Le second vers décrit une action : le personnage se couche. Ce
peut être la nuit... ou pas. Une sieste, peut-être. Nous sommes hors du temps.
Et puis « En
travers »... pourquoi en travers ? En travers du lit ? Il est
donc seul. tranquille. Il peut occuper toute la place. Une note positive.
Et enfin la solitude, qui
arrive tout à la fin... et qui change tout. Cette ambivalence de la solitude me
plaît... qui peut tout à la fois être un plaisir et une souffrance.
Soir
d’automne –
Il
est un bonheur aussi
dans
la solitude (Buson)
Vincent Hoarau
Fin
septembre
début
des migrations
Les
vaches volent
J’aime ce haïku qui me
rappelle François, le personnage du roman que j’ai terminé l’année dernière.
François est agriculteur et s’entraîne à voler, dans un pré, entouré de ses
vaches. Un soir, il disparaît avec six laitières dans un ciel nocturne. le
titre du roman : Vallon des
envols.
Jean Antonini
4. Conclusion
A la lecture des textes de
chacun.e, les déclencheurs d’écriture d’un haïku ne sont pas très différents.
Très souvent, on indique les
circonstances qui sont source du haïku, comme si une circonstance se
changeait automatiquement en poème.
Et puis, l’évidence : il
neige (situation), j’ai encore les yeux fermés (situation), le
cimetière est en désordre (situation) et les mots viennent tout seuls. Il y a sans
doute une émotion qui saisit l’auteur, mais elle n’est pas facile à saisir, à
expliciter. Peut-être simplement le changement de luminosité à cause de la
neige, les lumières étranges qu’on voit les yeux fermés, ou alors le contraste
entre l’ordre immuable des tombes et le désordre des pots (à cause du vent).
Ensuite, certains sont
inspirés par le lexique : trouver un mot qui donnera sa
singularité au haïku, une expression qui ramène dans un autre temps. La
situation enclenche l’écriture et le mot vient la parfaire.
Et encore, un rapprochement
entre un objet vu : un arbre étrange, une petite fille qui se gratte, une
superposition de gris, une galette et un ventre, cerfs-volants et oiseaux. Ce
rapprochement est de l’ordre de la métaphore : il amène deux
champs lexicaux à se côtoyer, de façon inhabituelle, comme la fève et le bébé
ou l’arbre et l’artiste.
Ou bien il amène l’auteur.e
entre deux temps : le temps présent et le souvenir, et le décalage créé
provoque l’émotion à l’origine du haïku (lire Proust) : effet
temporel.
Finalement, il semble bien
qu’un certain décalage entre des objets, entre des temps, entre une situation
habituelle et exceptionnelle soit à la source de l’écriture d’un haïku.
N’est-ce pas les sources de toute poésie ? Ou bien peut-on mieux cerner
ces sources du fait de la concision du haïku (le discours ne recouvre pas
l’émotion initiale).
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Compte-rendu du kukaï du 11 décembre 2017
« Des clés et des serrures »
« Des clés et des serrures »
(
travail sur le haïsha)
Animateur : Robert
Gillouin
Participants : Catherine
Guillot, Christian Lherbier, Annie Reymond, Patricia Roullé, Claire Videau, Patrick Chomier, Danyel Borner, Irène Chaléard, Marie-Claire Vaschalde.
Il
arrive que, face à une image exposée, toile, photo, etc, on manque d’éléments
pour être à même de pouvoir la « comprendre », ou tout simplement
l’apprécier. Face à ce phénomène pour lequel l’émotion ressentie peut bloquer
l’imaginaire, il est courant de se dire que, peut-être, il nous manque une
« clé », un sésame qui nous permettrait d’éclairer, de révéler le
sens caché d’une image au-delà de ce qui résiste en nous et nous en éloigne.
En
introduction, je lis un texte de Michel Tournier, extrait de son livre
« Des clés et des serrures » (éditions chêne/Hachette, 1979), dans
lequel il s’attache à montrer que les mystères potentiels du monde sont des
serrures qui ne demandent qu’à être ouvertes, à condition bien sûr, d’en avoir la clé…
Flirtant
avec cette idée, je propose à chacun de trouver sa propre clé, en faisant le
pari qu’il n’y a pas qu’ une seule vérité dans l’interprétation d’une image,
mais que, peut-être, chacun a la sienne !
Et, bien sûr, ici, pour nous, cette entrée se déclinera sous la forme
d’un haïku qui fera entrer en résonance l’imaginaire et la représentation
graphique….
Douze
photos sont présentées au groupe,
extraites du livre « le moment des choses » de la photographe Française Claude Batho
(édition « des femmes » 1977), et d’un recueil du photographe Tchèque
Josef Sudek, (éditions PHAIDON 2001
(collection 55)
Trois
photos sont choisies individuellement… pour trois haïshas !
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Kukaï de Lyon, jeudi 16 novembre 2017
« Beaujolais nouveau »
Animateur : Jacques
Beccaria
Participants :
Béatrice Aupetit-Vavin, Irène Chaléard, Christian Lherbier, Patrick Chomier,
Marcelle Botto, Annie Reymond, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Pascale
Drivon, Marie-Claire Vaschalde, Danyel Borner
Présentation
du beaujolais nouveau et de la tradition du troisième jeudi de novembre, suivie
d’un bref partage sur ce temps de l’année entre Toussaint et Noël.
Entre
dégustation, casse-croûte et joyeux bavardage, nous essayons d’écrire un
haïku. Quand les verres sont presque vides, nous lisons notre production et
nous échangeons quelques commentaires.
Sous le ciel de novembre /
saint-amour / me fait de l’œil Béatrice
Aupetit-Vavin
Arche de Noé / léger tangage /
les mots dansent Irène Chaléard
Tu crois qu’y en a / du glyphosate
dans ce pinard - / Santé Patrick Chomier
armée du salut / compagnons de
la grappe / écrire en mangeant Annie Reymond
balade en novembre / main dans
la main / les beaujolais s’attachent Robert Gillouin
Mort en décembre / le vieux
monsieur / né en janvier Catherine
Guillot
Feuilles d’automne / vous
brillez sous l’astre / diamants éphémères Marie-Claire
Vaschalde
Vent de novembre - / rouler
jusqu’aux Terreaux / pour un bain de minuit Danyel Borner
Brume / Le vin nouveau /
Brille dans les verres Jacques Beccaria
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Kukaï de Lyon : Lundi 16 octobre 2017
« Kukaï voyageur »
Animateur : Danyel Borner
Participants : Béatrice
Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Robert Gillouin Catherine Guillot, Christian
Lherbier, Annie Reymond, Marie-Claire Vaschalde
Cette
année et sans doute les suivantes, notre Kukaï est voyageur... Uniquement dans
Lyon, certes, mais dans des lieux très différents. Nombre d’entre-nous
rapportent aussi, chaque saison des images et des parfums d’ailleurs. Voyage,
donc... Le corps qui bouge mais aussi le voyage intérieur et un peu des deux
dans ces déplacements de sens et d’existence que peuvent façonner les
changements d’habitudes.
Citation
d’une présentation sur le haïku de voyage de Serge Tomé à Baie-Comeau en 2007 tempslibres Serge Tomé
Extraits
d’ouvrages ou documents sur les trois propositions :
a) Voyage extérieur (Monde) :
Hitch hiked a thousand / miles and brought / You wine
J’ai fait mille / kilomètres en stop / Et t’ai apporté du vin
(Jack
Kerouac,trad. Bertrand Agostini Le livre des haïkus éd. La petite
Vermillon, 2012)
b)
Voyage intérieur :
I’m glad to live / in a world with Malher / and
chrysanthemums
heureuse de vivre / dans un monde avec Malher / et des
chrysanthèmes
(Myriam
Sagan in Cent Haïkus Pour La
Paix, – Collectif – éd. l’iroli, 2015 )
c)
Changement d’habitudes :
Larguer les amarres / pour la fête de la mer / les voiliers lâchés / à
l’horizon un ancrage / une terre à accueillir
(Danièle
Duteil in de villes en rives – tankas
– de Janick Belleau et Danièle Duteil, Éditions du tanka francophone, 2017)
tsuyu no yo wa tsuyu no yo nagara sari nagara
Ce monde de rosée
est un monde de rosée
et
pourtant pourtant ...
(ISSA Ora ga haru : Mon année de printemps - trad. Brigitte Allioux - éditions
céciledefaut, 2006)
Consultations
d’ouvrages à disposition pour trouver des haïkus sur le thème et si possible
les trois propositions de voyage puis Kukaï traditionnel :
insomnies
je
prends des trains
qui
vont nulle part
Robert Gillouin (4 points)
À
travers la vitre
il
me suit
le
nuage
Marie -Claire Vaschalde (2 points)
Ai
marché sur la colline
au
bord du lac
me
suis regardée
Catherine Guillot (2 points)
Nuits,
jours au lit
Soleil
par la fenêtre
Me
penser dehors
Catherine Guillot (2 points)
centre
de rétention
un
vol d’oiseaux migrateurs
par
la fenêtre
Robert Gillouin (2 points)
Un
an déjà !
la
marée du Saint-Laurent
sur
mon téléphone
Danyel Borner (2 points)
Avec 1 point :
au milieu du ciel / une
hirondelle / je pars avec elle Annie Reymond
prendre le bateau / pour aller
jusqu’au bout / écume blanche Annie Reymond
Voyage en avion / Elle va
chercher ailleurs / son dernier printemps Béatrice
Aupetit-Vavin
Ici ou ailleurs / voir dans le
ciel la même lune / Toujours mystérieuse Béatrice
Aupetit-Vavin
Face à la mer / les vagues
sont mes compagnes / mon esprit vogue Marie-Claire
Vaschalde
À chaque question / une
réponse dans sa main / Frisson du voyage Danyel Borner
Un nouveau tapis / sur le
chemin des vélos – / soir d’été indien Danyel Borner
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Kukaï de Lyon, lundi 2 octobre 2017
« juillet
août au ras des pâquerettes »
Animateur : Patrick
Chomier
Participants : Marcelle
Botto, Béatrice Aupetit-Vavin, Irène Chaléard, Marie-Claire Vaschade, Jacques
Beccaria, Chantal Christin, Irène Parlier, Patricia Roullé, Claire Videau,
Annie Reymond, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Danyel Borner
Nous
avons démarré cette saison par un tour de table sur nos capacités et
difficultés à être dans le moment présent puis nous avons introduit les notions
de se situer « au ras des pâquerettes » et de « laisser
surgir » la parole, les mots rendant compte de nos émotions, nos ressentis
(Voir Gong n°56 Qu'est-ce qui nous attache au haïku ?).
Pour
ce premier kukaï, nous choisissons comme thème : juillet août au ras des
pâquerettes
chaleur accablante / même la chaise en plastique / a fondu en larmes Patrick Chomier
un
deux trois soleil
les
rires des enfants derrière
le
mur du cimetière
Patrick Chomier (6 points)
Heure
de la sieste
même
ma robe légère
trop
chaude
Chantal Christin (3 points)
lavée
de rosée
la
prairie
et
le bas du pantalon
Patricia Roullé (3 points)
Les
mains de mes sœurs
Papillons
sur sa peau
retiennent
à la vie, ma mère
Christian Lherbier (3 points)
Un
papillon
posé
sur mon bras
Ne
plus bouger
Béatrice Aupetit-Vavin (2
points)
Même
l'ombre du cerisier
N'en
est pas venue à bout
Canicule
d'août
Marcelle Botto (2 points)
Avec 1 point :
Marcher le long de l'eau /
reprendre le rythme / de la vie debout Catherine Guillot
étoile filante / en direction
de la lune / poussières sur mes pieds Annie Reymond
File d'attente / au péage
d'autoroute / Sable dans les yeux Irène Chaléard
Mon désir nu – / enfin retirer
l'épingle / au papillon Danyel Borner
cinq degré de plus – / hier
j'ai fait cuire un œuf / sur ma poitrine Danyel Borner
Elle bouge encore / la mante
religieuse / délaissée par le chat Marcelle Botto
le froid des vagues / à hauteur de poitrine / plouf ! je nage Patricia Roullé