Kukaï de Lyon, jeudi 10 juin 2021
Ginkô pique-nique au Parc de La Cerisaie
"En vert et contre tout !"
ou thème libre
Enfin des retrouvailles et un coin de verdure au calme, sans bitures en bocks mais avec bocaux et bocages + une bonne bouteille sous les chênes et les marronniers. ! En petit comité, nous avons bien pensé à tout le Kukaï qui s’est enrichi de nouvelles plumes depuis les différents confinements. J’apprends par ailleurs aujourd’hui que l’AFH augmente aussi ses adhérents, bonne nouvelle !
Participants : Jean Antonini, Jacques Beccaria, Danyel Borner, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Robert Gillouin, Véronique Viala
le printemps / a tout travesti en vert / oh les arbres les arbres
couleurs de juin / le vert des platanes plus jaune / que celui des frênes
chaque brin d'herbe / plus vert que chaque brin d'herbe / - printemps et été
Jean Antonini
Un cercle de poètes / Nouvelle lune / Une ronde d'enfants
Le soleil / S'est caché derrière un arbre / Nouvelle lune
Jacques Beccaria
l’éclat du soleil / l’ombre dansante au sol / des feuilles tremblantes
Marcelle Botto
T’aime libre / j’ai bien peur qu’elle le regrette / un jourTirlutuitui / dans le soir le pin / se prend pour une pieuvretrois marronniers / les ocelles de lumière / dansent en rondombre du chêne / la leçon du CM1 / dans ma mémoirePrendre le temps / de scanner tout le parc / rire des amisde vert et d'or / elle dort et mon rêve / est mort
Danyel Borner
entre les feuilles / sous le soleil quelques tuiles / feu vert feu rouge
sirènes au loin / par-dessus les chants d'oiseaux / les cèdres dansent
au-dessus du lierre / toutes les teintes de vert / mais pas de cerises
Irène chaléard
rando croix rousse / pensées et sourires si légers / le vent se lève
parc Chazière / les poubelles et les pelouses / débordent
troisième fois / qu'elle passe devant moi / la dame à la robe légèreenvers et contre tout / il s'érige gaiement / oh ! la petite feuillemesdames les gymnastes / grosse envie de vous dire : / "vos gueules les mouettes"
Robert Gillouin
yoga au parc / si simples l’inspir l’expir / du vent
soirée cuisante / les premières ampoules s’allument / sous mes pieds
Céleste ! / son prénom et sa robe bleue / courent vers la fontaine
bras nus / la caresse si discrète / de dame araignée
saules sous le vent / les petits pas d’un vieil homme / essoufflé
écriture au parc / une prof de yoga parle / d’inspiration
Véronique Viala
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Kukaï numérique mars avril 2021
"Printemps entravé"
Animateur : Patrick Chomier
Participant.es : Jean Antonini, Charlène Lyonnet, Claudine Renneteau, Véronique Viala, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Danyel Borner, Laurence Fischer, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Jean-Pierre Jacquot, Béatrice Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Robert Gillouin
Ce kukaï était agrémenté d'une contrainte : la répétition d'un mot.
Sa main dans la mienne
sa main serre un peu la mienne
Dernier printemps
Catherine Guillot (4 voix)
après le vent
encore des vagues et des vagues
de vent
Robert Gillouin (4 voix)
reviennent les grues cendrées
un an déjà que toi
tu ne reviens pas
Véronique Viala (3 voix)
Entre toi et moi
Cinq kilomètres cinq
On peut se voir ?
Marcelle Botto (3 voix)
sous la buée
on devine le sourire
le sourire des yeux
Danyel Borner (3 voix)
je fends mon bois
très loin dans le bleu
un aigle fend le ciel
Robert Gillouin (3 voix)
fourmis au jardin
pas même une fête en vue
fourmis dans les jambes
Irène Chaléard (2 voix)
tout flageolant
le nouvel agneau bientôt
aux flageolets
Véronique Viala (2 voix)
printemps entravé
finir sa vie à l'ehpad
finir sa vie
Christian Lherbier (2 voix)
fête à l'école
mon petit-fils met un masque
sur son masque
Béatrice Aupetit-Vavin (2 voix)
distanciation sociale
seul mon chat à étreindre
seul mon chat
Béatrice Aupetit-Vavin (2 voix)
Avec 1 voix :
De Pâques à Pâques / un an déjà / mes cheveux ont blanchi
Marcelle Botto
de masques en masques / les sourires s'effacent / s'effacent
Béatrice Aupetit-Vavin
un hélico / cigognes dans le ciel bleu / un autre hélico
Irène Chaléard
Enfermée dans cette chambre / enfermée dans son sommeil / fenêtre entrouverte
Christian Lherbier
"dans la vraie vie" dit-elle / … je me demande / dans quelle vie je suis
Jean Antonini
Bleu ciel bleu azur / Vert tilleul / Esquisse de printemps
Jacques Beccaria
faut bien que j'avoue / j'aime les nuages / j'aime traîner avec les nuages
Robert Gillouin
je tends le bras / vers l'horizon - / l'horizon s'agrandit
Patrick Chomier
équinoxe / sur le bord de mer je regarde / au loin la mer
Laurence Fischer
avril encore / bloquée en France / encore
Laurence Fischer
chaque jour pourtant / tu chantes tu chantes / oiseau du matin
Danyel Borner
place des tilleuls / dix cicatrices orangées / à la place
Danyel Borner
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Kukaï de Lyon, mercredi 24 février 2021
Ginkô-galerie pour l’exposition DES HARMONIES
LE CHANT DES ÉTATS
de GIULIA ZANVIT à la BOHOSPHERE
Première sortie depuis si longtemps dans cet hiver hésitant entre soleil et neige, le Kukaï de Lyon en petit comité se paie une toile ! Plusieurs, même. Peinture et une installation harmonieuse, méticuleuse de petites pièces sculptées, de matériaux végétaux et minéraux célébrant la Terre. Un lieu clair et accueillant, chaleureux par son approche personnalisée de chaque exposition aménagée avec Angela qui veille sur le lieu. L’écrin est enchanteur, les bords de Saône et la délicate passerelle rouge.
Participants : Jacques Beccaria, Danyel Borner, Marcelle Botto, Laurence Fischer, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Christian Lherbier, Annie Reymond, Véronique Viala
je suis envolée / par la porte bleue / voyage
S’alléger / l'envol d'une trace / lumineuse
neigeuse / elle flotte / sur l'encre de l'eau
Marcelle Botto
réveil embrumé / j'ai rêvé d'un oiseau bleu
tache de silence / j'avance à tous petits pas / dans mon rêve
ton bleu / une lumière de plus / dans l'outrenoir
vertiges / la montagne / me cause
vieil oiseau / j'ai osé plonger / ...Ploc!
Robert Gillouin
Un rêve de pierre / Vivante / Dans très longtemps
De nuage en nuage / Rêverie / Sur fond bleu
Jacques Beccaria
Début de printemps / Sur les murs de la galerie /Un cocon
Printemps en avance / Dans le ciel les nuages / Font la course
Février / Entre les immeubles de pierre / Des vagues
Jour venteux / Dans la galerie d'art / Des vagues
Laurence Fischer
tipi de fagots / pas encore craquée / l’allumette
poussera-t-elle aussi / dans mon crâne coquille / la jeune pousse
on dirait / que tu te cacherais / dans ce canyon ocre
je regarde / un œil / qui me regarde
chaleur sous le masque / soudain brumisée / par un geyser qui fume
Véronique Viala
Un reflet sur la porte / entrer entre des montagnes / pour regarder
De sombres collines / sous des étincelles d'étoiles / Mur tout éclairé
Un nuage serpente / aux côtés d'une souris bleue / Pour qui le caillou ?
Du clair, du bleu nuit / beaucoup de petits cailloux / cachent une noix turquoise
Cocon de craie / un soldat s'est endormi / dans une roche bleutée
Catherine Guillot
voyage intérieur / la montagne repliée / me regarde
naissance de l'or / dans le saxo de Barney / la note bleue
à cet instant / l'étoile renaît mille fois / lava pillow
derrière les vitres / le printemps des poètes / en avance
harmonie / entre la nuit et le jour / un bleu câlin
Danyel Borner
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Kukaï de Lyon, atelier numérique de décembre 2020
"Le visible et l’invisible"
Animateur : Danyel Borner
Participants : Jean Antonini, Béatrice Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Irène Chaléard, Patrick Chomier, Laurence Fisher, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Jean-Pierre Jacquot, Christian Lherbier, Véronique Viala
le terrain vague
ce matin comme une prairie
sous la neige
Irène Chaléard (4 voix)
regarder la pluie
on ne peut rien faire aujourd'hui
regarder la pluie
Jean Antonini (3 voix)
premiers froids
dans les jardins et boutiques
la présence du gel
Béatrice Aupetit-Vavin (3 voix)
sous la douche
en songeant à l'absence d'eau
d'ici vingt ans
Patrick Chomier (3 voix)
amazone sans selle
elle enfourche la montagne
la brume
Véronique Viala (2 voix)
premiers flocons
sur la vitre un chiffon doux
efface le givre
Véronique Viala (2 voix)
BZZZZZ
claquer des mains dans le vide
la nuit
Christian Lherbier (2 voix)
Yeux fermés
rêver la lumière
du prochain matin
Catherine Guillot (2 voix)
Marcher la nuit
vers un rayon de lumière
Bol de thé chaud
Catherine Guillot (2 voix)
Accroupi
Mon chat nous regarde faire l'amour
Étonné
Laurence Fischer (2 voix)
les cris d'une mouette –
je viens juste d'émerger
de la nuit
Jean Antonini (2 voix)
jardin en hiver
sous quelques mottes de terre
toute une vie en douce
Irène Chaléard (2 voix)
Avec une voix :
Entre les nuages / le soleil - sous mes paupières / le matin
Catherine Guillot
confinement / n’est plus un mot de saison / haïku d’hiver
Béatrice Aupetit-Vavin
Gare du Nord / Paris-Brest en bouche / Délicieux
Jean-Pierre Jacquot
soleil au pare-brise / en encre sympathique / empreintes félines
Véronique Viala
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Kukaï de Lyon : Jeudi 8 octobre 2020
"Octobre 2020, je garde le contact"
Animateur : Patrick Chomier
Participants : Annie Reymond, Béatrice Aupetit-Vavin, Laurence Fischer, Irène chaléard, Christian Lherbier, Catherine Guillot, Danyel Borner, Jacques Beccaria, Marcelle Botto, Véronique Marchal
Pour cette rentrée en présentiel, cela faisait déjà huit mois que nous ne nous étions pas retrouvé assis autour d'une table pour notre dose de haïkus, et pour goûter également toute la saveur des interactions parallèles – et perpendiculaires aussi, nous avons choisit comme thème du kukaï : Octobre 2020, je garde le contact.
Format du kukaï :
30 minutes pour l'écriture de 2 haïkus et lors du vôte choix de 2 haïkus et la règle du jour : écriture d'un haïku visuel et d'un non visuel et nous banissons les mots : masque, virus, covid.
se battre deux heures
sans se toucher
jeu d'échecs
Catherine Guillot : 5 voix
Matin d'automne
Parler de sa jeunesse
Avec mon père
Laurence Fischer : 3 voix
19 heures
presque nuit déjà
sous les néons tes yeux verts
Irène Chaléard : 3 voix
3 notes de musique
les corps glissent et se frôlent
sans lendemain
Christian Lherbier : 2 voix
Croisant un jour
Une ancienne connaissance
Dans mes carnets
Jacques Beccaria : 2 voix
premier étage
onze tables côte à côte
premier kukaï
Annie Reymond : 2 voix
Avec 1 voix :
Tête d'Or ce matin / Au doux soleil d'automne / le lac s'embrume
Marcelle Botto
doigts sur l'écran / la photo s'agrandit / communication
Annie Reymond
Brouhaha au bar / retrouvailles amicales / pour combien de temps ?
Irène Chaléard
ça ça / en terrasse ils s'agglutinent / s'agglutinent encore
Patrick Chomier
il ne me parle / que de sa prostate / le pisse-froid
Patrick Chomier
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Kukaï numérique de septembre 2020
"Canicule et Chaleur Humaine"
Animateur : Danyel Borner
Participants : Jean Antonini, Béatrice Aupetit-Vavin, Jacques Beccaria, Marcelle Botto, Irène Chaléard, Patrick Chomier, Laurence Fischer, Robert Gillouin, Catherine Guillot, Jean-Pierre Jacquot, Christian Lherbier, Claire Mottet, Annie Reymond
Avec 1 voix :
au bord de l’eau
doigts de pied en éventail
main dans la main
Annie Reymond
Il y a le ciel, le soleil et la mer...J'adore !
Irène Chaléard
Chutes de feuilles jaunes
jonchant le sol sec
Automne en Été
Jean-Pierre Jacquot
J’ai souvent observé ce phénomène de saisons qui s’entremêlent et qui en plein hiver par exemple un jour de grand soleil nous renvoie à l’été. Là, avec la sécheresse, la canicule c’est la même chose. Il est très explicite de cette période que nous avons vécue.
Marcelle Botto
Soleil du soir
Illumine les toits
Et son coeur
Laurence Fischer
« Je m’imagine en visite familiale dans un Ehpad en fin d’après-midi où le soleil du soir réchauffe les toits et ... les coeurs de nos anciens. »
Jean-Pierre-Jacquot
je t'aime est tabou
sa main dans ma main
sans prendre de gant
Danyel Borner
Refus de ce changement de comportement social que l'on tente de nous imposer. Haïku révolutionnaire ! Viva Dany ! (pas toi, l'autre red, là!)
Robert Gillouin
L’eau coule
de mon front à mes seins
Pluie de chaleur
Marcelle Botto
Ce texte me parle d'une chaleur que rien ne peut atténuer, même l'eau (transpiration) semble en rajouter.
Christian Lherbier
arroser la haie
au petit matin - le soir
le retour de la voisine
Claire Mottet
Pour le soulagement après ce haïku précédent
Volets clos / Ma voisine ne répond plus / Cuisant silence
Ouf !! la voisine va bien.
Annie Reymond
été 2020
et leur masque sous le menton
me font suer
Patrick Chomier
Oui, moi aussi j'avoue que j'ai eu envie plus qu'à mon tour de me transformer en policier civil ! (*)
Pourquoi je ne supporte pas ces gens qui mettent le masque sous le menton ? Va savoir.
Jalousie ? Parce que j'ose pas faire pareil ?
(*)... je me suis soigné, ça va !
Robert Gillouin
Rien
Rien ne peut me faire bouger
Le soleil m’a scotchée
Marcelle Botto
La répétition de rien fait bien ressentir l'immobilité du soleil, la chaleur qui nous cloue. On n'aime pas ça. Le scotch est une force extérieure qui nous empêche de vivre, une autre obligation à ne pas agir, par-dessus les enquiquinements de la crise sanitaire !
Catherine Guillot
Lecture sous l’orme
l’auditoire captivé
quelques sueurs froides
Irène Chaléard
Chouette jeu autour du mot sueurs, chaleur et surtout chaleur humaine au rendez-vous.
Claire Mottet
dans l'herbe verte
jouer avec les criquets
j'avais dix ans
Robert Gillouin
J’ai beaucoup aimé ce haïku de par sa façon habile de ne rien dire du présent tout en le suggérant par opposition au passé. J’ai aimé également la nostalgie qui s’en dégage et qui m’a ramenée au passé de mon enfance à la campagne où à chacun de mes pas dans l’herbe jaillissait des gerbes de sauterelles … nostalgie du temps passé, du temps qui passe,( nous n’avons plus 10 ans ) … inquiétude aussi sur l’avenir de notre terre (la sécheresse, la diminution de nombre d’espèces animales …)
Béatrice Aupetit-Vavin
Volets clos
Ma voisine ne répond plus
Cuisant silence
Marcelle Botto
Ce haïku me touche car nous voyons que trop régulièrement dans la presse des histoires de personnes décédées seules chez elles, retrouvées des mois/années après. Pour moi, le terme « cuisant » fait transparaître ici l’angoisse et a également un second sens très humour noir (« morte de chaleur »/incinération)
Laurence Fischer
salle climatisée
ils reprennent presqu’en coeur
le temps des cerises
Annie Reymond
Le thème est présent. La troisième ligne est émouvante ; un symbole à la fois de jeunesse (lointaine... j'imagine une maison de retraite) et de saison verte et fraîche.
Irène Chaléard
Avec 2 voix :
Août
Dans la ville vide
Partager un café
Laurence Fischer
J'aime aussi beaucoup celui-ci, bien que le thème n'y soit pas très apparent (ce qui n'empêche rien pour le plaisir de lecture). La métrique est singulière : 1-5-6 mais elle correspond bien avec l'évocation de la "ville vide". Et pourtant, dans ce vide, il est possible de partager un café. C'est ce hiatus entre "vide" et "partager" qui me rend intéressant ce haïku. Et puis le balancement entre ces deux mots abrupts : "Août" et "café".
Jean Antonini
Ah! le bonheur du confinement. Ah ! le bonheur de faire une "bêtise"... (comme ils disent)
Robert Gillouin
Immobile
Comme un grand platane
À midi
Jacques Beccaria
Solitaire, sous le soleil, souffrant du manque d’eau et d’une rousseur précoce mais faisant don de son ombre… Équilibre du 3-5-3, totalement dans le thème si on imagine des rendezvous sous l’arbre… Presque le portrait d’une ou un poète, connecté au ciel, à la terre, solitaire et partageur par essence.
Danyel Borner
Comment ce grand platane -qui n'en est pas un- offrant son ombre sous une canicule à son apogée peut-il nous rassurer aussi bien ? Sans doute par l'équilibre qu'il dégage ?
Annie Reymond
soleil de plomb
pourtant se retrouver au parc
après 10 ans
Claire Mottet
Les 2 aspects du thème proposé sont là. Un brin de nostalgie, d'inquiétude et de mystère émanent de ce haïku. Une envie de me cacher derrière un arbre pour assister à ces retrouvailles ...
Irène Chaléard
Victoire de la chaleur humaine qui l'emporte haut la main contre la canicule.
Annie Reymond
à perte de vue
des champs
désespérés
Robert Gillouin
J’ai été séduite d’emblée par ce Haïku peut-être déjà par sa forme très courte inhabituelle mais surtout sans doute parce que sans être descriptif il est tout en suggestion, et aussi parce que j’ai trouvé que la L3 en un seul mot était très forte et chargée en émotion. Bravo à la personne qui a écrit ce haïku.
Béatrice Aupetit-Vavin
Une phrase repliée en 3 de seulement 11 syllabes penseront certains. Mais pour moi, ici, ça fonctionne grâce à la force du passage de la ligne 2 à 3. Après la vue ce l'état de ces champs, un grand silence est nécessaire avant la ligne 3 qui parle autant des champs, de l'auteur et des lecteurs impactés.
Patrick Chomier
happy hours
cliquetis des clefs de Claire
happy hours
Annie Reymond
Ah la bonne idée de mettre l’heure joyeuse des bièrophiles au pluriel ! Ce haïku sonne comme une crécelle à l’envers, pas pour annoncer la douleur des chancres mais faire vibrer, comme un appel de clochette au repas, une voile au vent ou un rire d’enfants la musique des beaux instants.
Danyel Borner
happy hours / cliquetis des clefs de Claire : le tintement métallique marqué par l’allitération contraste avec la rondeur de l’anglais. Rentre-t-elle à la maison ? Sort-elle, agitée, du travail ? Pose-t-elle ses clefs sur la table du café ?
happy hours : comme un refrain, la perspective d’un agréable moment en fin d’après-midi dans un bar ou, littéralement, d’un temps de bonheur. Y aurait-il là de l’ironie ? Ce serait alors une incantation.
Trois lignes légères, une fantaisie désinvolte, comme un bout de chanson des Beatles.
Jacques Beccaria
herbes sèches
si fragiles que je n'ose
faire la sieste en vous
Robert Gillouin
Avec ces "herbes sèches", on est bien dans l'été, et probablement dans la canicule. Et cette canicule qui a brûlé l'herbe prive l'auteur.e de ce grand plaisir de faire une sieste dans l'herbe verte (pour un citadin, en tout cas). Le haïku est parfaitement dans le thème proposé. Et il fait bien sentir la destruction de la nature, du vivant plutôt, qui rejaillit sur l'humain, le vivant aussi.
La métrique : 4-6-5 est proche du 5-7-5. Et le "en vous" donne une importance aux herbes qui nous rapproche de la nature, du vivant.
Jean Antonini
Délicatesse et attention dans l'attitude comme dans l'écriture de ce haïku. Un "si fragile que je n'ose" un peu suranné mais que l'on aimerait retrouver plus souvent. Ah "si fragile que je n'ose" : c'est tout moi ça.
Patrick Chomier
Avec 3 voix :
Un deux trois soleil
Plus rien ne bouge
À l'ehpad
Patrick Chomier
Difficile de parler de ce sujet sans pathos ou maladresse. La comptine enfantine qui rejoint un état d’enfance à la grande fragilité, la construction en 5-4-3 qui se calque au propos de décompte terrible, la concision de ces mots si justes résume le contexte, la saison, le thème du Kukaï et évoque la brièveté de la vie, chaque jour mise en évidence, comme jamais ces temps.
Danyel Borner
Même s'il est un peu dur à avaler, ce haïku me plaît par l'ambiance qu'il crée, il me fait penser "Ah, c’est tout à fait ça!": on sent bien la canicule avec le soleil qui empêche de bouger. Il est tout à fait d'actualité, glaçant d'actualité même, on ne peut pas s'empêcher de penser au covid, en plus de la canicule, qui touche si durement les ehpad. Heureusement la légèreté de l'enfance est conviée avec "un deux trois soleil", à moins que par contraste ça ne renforce l'effet froid dans le dos. évocations complexes en quelques mots simples. Un très beau haïku qui me fait beaucoup d'effet.
Claire Mottet
Il m’a plu à plusieurs niveaux -ce jeu de l’enfance où il fallait s’élancer et s’arrêter d’un coup quand le mot soleil était prononcé si on ne voulait pas retourner au point de départ. Là pour les pensionnaires de l’ehpad il n’y a plus l’élan et le soleil signe l’arrêt il n’y a plus non plus de possibilité de redépart pour arriver au but ,l’enfance est bien passée …
Je l’ai trouvé très fort et …triste.
Marcelle Botto
Minuit un peu d’air
d’un balcon à l’autre courent
les bruits du quartier
Irène Chaléard
La ligne 1 sert de kigo : il fait très chaud à minuit, on est en pleine canicule. Et comme toujours en été, les fenêtres ouvertes laissent aussi passer les bruits du quartier, des voisins. C'est le mot "courent" qui fait le lien entre courant "d'air" et "bruits du quartier. Le haïku fait aussi penser à cette habitude de remercier les soignant.es (pas à minuit, mais à 8H).
Jean Antonini
La nuit seule, comme une parenthèse, respirer, revivre, s'ouvrir à la vie !
Christian Lherbier
Ah ! La bienfaisance de la disparition du jour, qui autorise un certain mouvement après l'écrasement, et des retrouvailles entre les humains sur les balcons. Après la chaleur du jour la chaleur humaine. Les balcons, nouveaux lieux de convivialité ? Le sont-ils restés depuis mars-avril ?
Catherine Guillot
Avec 5 voix :
masques étouffants
chercher les sourires
dans les regards
Béatrice Aupetit-Vavin
Du vécu, du quotidien, du ressenti. Malgré la canicule rechercher un peu de chaleur humaine.
Christian Lherbier
Nous vivons depuis six mois dans un isolement relatif selon les personnes. Avec le masque, les expressions faciales sont difficiles à déchiffrer. Nous cherchons alors dans les plis des yeux indiquant un sourire, un peu d’humanité.
Laurence Fischer
"Tellement vrai ! Masques difficiles à supporter en cette canicule. Excellent parallèle entre chaleur estivale et humaine."
Jean-Pierre Jacquot
Sobriété, simplicité, efficacité.
1ère ligne : 2 mots suffisent pour évoquer notre principale contrainte collective actuelle.
2ème et 3ème ligne : soulager la contrainte en cherchant le lien avec l'autre malgré tout.
Auteur(trice) à suivre.
Patrick Chomier
Nouvelles habitudes à prendre, nouveaux codes, pesanteur de ces comportements …
Marcelle Botto
Terrasse entre amis
joyeux rafraîchissement
de souvenirs
Irène Chaléard
Haïku très sensoriel, on voit on goûte, on entend... se retrouver, boire ensemble, parler ensemble, et si on n'est pas trop nombreux, sans masque ? Que du bonheur ! Simple et efficace.
Catherine Guillot
Ce Haïku m’a évoqué les deux notions de chaleur au sens de température et au sens de chaleur humaine et j’ai surtout apprécié le double sens de « rafraîchissement » qui m’a évoqué dans un premier temps une boisson fraîche puis, créant la surprise avec les "souvenirs" de la troisième ligne.
Béatrice Aupetit-Vavin
Une scène pleine de vie. On imagine aisément quelques vieux amis échanger anecdotes de vie, blagues, potins. On a envie de se joindre à leur groupe. J’imagine un groupe de joyeux lurons.
Laurence Fischer
"La convivialité est au cœur de cet haïku. On peut imaginer une rencontre entre amis un soir d’été après la canicule de la journée où les rafraîchissements (boissons) sont aussi importants que ceux des souvenirs passés ensemble."
Jean-Pierre Jacquot
J’aime la chaleur de ce haïku, la convivialité confortable du rafraîchissement. Un haïku attendrissant qui amène le sourire.
Claire Mottet